
S’il était depuis longtemps supposé qu’une éruption massive était à l’origine d’un refroidissement marqué et bref de la planète il y a près de deux siècles, ce n’est que récemment que le coupable a pu être identifié.
Le volcan Zavaritskii
On estime que cette « éruption mystérieuse » a entraîné une baisse des températures moyennes à la surface du globe d’environ 1 °C pendant deux ans. Alors qu’il voyageait dans les Alpes, le compositeur allemand Felix Mendelssohn écrivait à l’été 1831 : « Temps déprimant, il a encore plu toute la nuit et toute la matinée, il fait aussi froid qu’en hiver, et de la neige épaisse recouvre déjà les reliefs les plus proches. »
Au même moment, des témoignages provenant du monde entier (Chine, Europe, États-Unis, Caraïbes…) évoquaient un soleil aux teintes inhabituelles (bleu, violet et vert), conséquence probable de concentrations inhabituelles de poussière et de gaz dans l’atmosphère.
Alors qu’il avait été précédemment proposé que l’éruption du Babuyan Claro, aux Philippines, ou du volcan sous-marin Ferdinandea, près de la Sicile, pouvait être à l’origine de tels phénomènes, une équipe de scientifiques de l’université de St Andrews a analysé des carottes de glace datées de 1831 et les ont comparées à des dépôts de cendres provenant de plusieurs suspects potentiels.
Ice cores finger obscure Pacific volcano as cause of 19th century climate disaster
— RealClearScience (@RCScience) January 4, 2025
"The 1831 eruption of Zavaritskii volcano in the Kuril Islands sparked cropped failures and famines." via @ScienceMagazine https://t.co/A2zE8pVQn8 pic.twitter.com/IuNIFiAo3I
Détaillée dans la revue PNAS, cette analyse géochimique minutieuse a permis d’établir une correspondance étroite pour le volcan Zavaritskii, situé dans l’archipel des Kouriles, entre le Japon et la Russie. « L’analyse de la chimie de la glace à une très haute résolution temporelle nous a permis de situer précisément l’éruption au printemps-été 1831, et de confirmer qu’elle était hautement explosive », détaille Will Hutchison, auteur principal de la nouvelle étude.
Une illustration de la puissance des éruptions et de leur impact sur le climat terrestre
Ces travaux illustrent une nouvelle fois la puissance des éruptions volcaniques et leur impact sur le climat terrestre. En 1991, celle du Pinatubo, aux Philippines, avait entraîné le rejet du plus grand nuage de dioxyde de soufre jamais mesuré, et une baisse des températures mondiales d’environ 0,5 °C pendant plusieurs années.
« En tant que scientifiques et en tant que société, nous devons réfléchir à la manière de coordonner une réponse internationale lorsqu’une éruption d’une ampleur comparable à celle de 1831 se produira », conclut Hutchison.
Début 2024, des chercheurs avaient identifié la plus importante éruption volcanique des 10 000 dernières années.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
Étiquettes: climat, volcan, éruption
Catégories: Actualités, Histoire