Les violences subies pendant l’enfance modifient la structure du cerveau. Une étude longitudinale sur deux ans démontre une diminution significative de la taille du cortex insulaire. Il s’agit d’une zone impliquée dans la conscience émotionnelle. Et cela augmente le risque de dépression et de rechutes dépressives… Toutefois, cette découverte ouvre la voie au développement de thérapies et traitements spécialisés novateurs.
LES TRAUMATISMES DE L’ENFANCE MODIFIENT LA STRUCTURE DU CERVEAU
La relation entre les traumatismes de l’enfance, les modifications structurelles du cerveau et les rechutes dépressives n’a jamais été prouvée dans un modèle longitudinal. C’est pourquoi le chercheur Nils Opel de l’Université de Münster, en Allemagne, et ses collègues se sont penchés sur le sujet.
Pour ce faire, ils ont progressivement recruté 110 patients atteints d’un trouble dépressif majeur. Ils expliquent leur protocole dans la revue scientifique Lancet Psychiatry. Le recrutement initial a eu lieu du 21 mars 2010 au 29 janvier 2016. Les participants ont été sélectionnés sur la base des données cliniques longitudinales sur deux ans.
Elles intégraient des évaluations cliniques ainsi qu’une IRM structurelle. Mais aussi une évaluation rétrospective de l’étendue des mauvais traitements subis pendant l’enfance. Dans le cadre de l’étude, de nouvelles évaluations de suivi clinique ont été effectuées chez tous les participants, deux ans après le recrutement initial.
UN RISQUE ACCRU DE RECHUTES DÉPRESSIVES
Parmi les 110 participants à l’étude, 35 patients n’ont fait aucune rechute dépressive. Les 75 autres patients ont malheureusement connu une rechute dépressive au cours de la période de suivi de deux ans. Ainsi, les chercheurs ont pu observer que les violences subies pendant l’enfance pouvaient être associées de façon significative à un cortex insulaire plus petit. Mais aussi à une rechute dépressive.
En effet, selon l’équipe de recherche, la taille du cortex insulaire est un médiateur de l’association entre les mauvais traitements et les rechutes dépressives. « Cela indique un mécanisme. Les traumatismes de l’enfance entraînent des altérations de la structure du cerveau, qui conduisent à la récurrence de la dépression et à de pires résultats », explique M. Opel.
L’équipe de l’Université de Münster estime qu’il s’agit d’un sous-type de trouble dépressif majeur. Il en est cliniquement et biologiquement distinct. Alors, les personnes qui en souffrent devraient bénéficier d’un traitement spécialisé. De plus, Nils Opel pense que les changements cérébraux peuvent être réversibles. Avec ses collègues, il prévoit de mettre à l’essai de nouveaux types de thérapies, plus adaptées.
Par Christelle Perret, le
Source: New Scientist
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