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De nouvelles simulations indiquent qu’une guerre nucléaire aurait un impact catastrophique sur l’agriculture quelle que soit son ampleur, et pourrait potentiellement provoquer une famine à l’échelle mondiale.

Six scénarios de guerre nucléaire

Dans les années 1980, des chercheurs avaient établi que les quantités phénoménales de suie générées par les armes nucléaires et répandues dans la stratosphère réfléchiraient suffisamment de rayonnement solaire pour provoquer un « hiver nucléaire ». Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Food, Lili Xia et ses collègues de l’université Rutgers ont utilisé des modèles avancés pour évaluer plus en détail l’impact d’une guerre nucléaire sur le climat et la production alimentaire mondiale.

Au total, six scénarios différents ont été explorés, allant d’une guerre entre l’Inde et le Pakistan (avec 100 bombes de 15 kilotonnes libérant 5 milliards de kilogrammes de suie dans l’atmosphère) à un conflit mondial (avec 4 400 bombes de 100 kilotonnes générant 100 milliards de kilogrammes de suie). L’équipe a ensuite modélisé la manière dont le refroidissement de la planète qui en résulterait et d’autres effets tels que la modification des précipitations affecteraient le rendement des principales cultures et zones de pêche.

Dans le scénario de moindre ampleur, environ 27 millions de personnes seraient tuées par les explosions et 255 millions mourraient de faim au cours de la deuxième année suivant la guerre. Sans tenir compte d’autres conséquences telles que la destruction des infrastructures ou la contamination radioactive, la quantité de calories disponibles à l’échelle mondiale diminuerait de 8 % en moyenne. Le pire scénario impliquerait la mort immédiate de 360 millions de personnes et entraînerait une famine généralisée, impactant plus de 5 milliards d’humains.

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Quelle que soit l’ampleur du conflit, les principaux pays de l’hémisphère nord dotés de l’arme nucléaire (États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie et Chine) connaîtraient certaines des réductions de calories les plus importantes, en raison de l’impact plus important du refroidissement du climat sur l’agriculture sous de telles latitudes.

Des adaptations alimentaires trop lentes

Bien que les chercheurs n’aient pas pris en compte de potentielles adaptations alimentaires, incluant la consommation d’algues ou d’insectes, ces changements se produiraient probablement trop lentement. Selon eux, donner moins de nourriture au bétail ne permettrait d’éviter la famine que dans certaines zones restreintes du globe, avec des pays préfèrant subvenir en priorité aux besoins de leur population plutôt que d’exporter leurs ressources, ce qui entraînerait l’arrêt du commerce alimentaire international.

Pour David Shlapak, du groupe de réflexion américain RAND, même si les estimations de la quantité de suie qu’une guerre nucléaire pourrait réellement produire restent incertaines, les différents scénarios décrits dans le document sont plausibles. « L’invasion de l’Ukraine par la Russie, les tensions autour de Taïwan et la capacité nucléaire croissante de la Chine ont fait resurgir le spectre d’un conflit nucléaire jamais vu depuis la guerre froide », estime-t-il. « Toute guerre nucléaire aurait des conséquences dramatiques. »

Cette nouvelle étude s’ajoute au nombre croissant de travaux estimant les effets de tels conflits. Précédemment, les scientifiques avaient évalué l’impact d’une guerre nucléaire sur l’atmosphère et également déterminé l’endroit le plus sûr sur Terre.

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