En 2016, les Françaises ont travaillé gratuitement à partir du 7 novembre à 16h34. Cette année, les inégalités salariales se sont tellement creusées que la date fatidique est prévue à 11h44 le 3 novembre 2017…

 

15 – 25 %

L’année dernière, le collectif féministe Les Glorieuses avait invité les Françaises et les Français à quitter leur lieu de travail pour protester contre les inégalités salariales hommes-femmes : en 2015, elles gagnaient en moyenne 15,8 % de moins que leurs collègues masculins, selon Eurostat. Et en 2012, une étude de l’Observatoire des inégalités aboutissaient à écart moyen de 25,7 % !

Le collectif féministe s’est emparé du rapport d’Eurostar pour l’adapter au nombre de jours ouvrés en 2017. Après de multiples calculs que l’on s’épargnera la peine de décrier, Les Glorieuses sont arrivées au 3 novembre 2011, à 11h44 et 9,7 secondes précises. Les femmes françaises travailleront donc « gratuitement » pour les 2 mois restants : 39,7 jours plus précisément…

 

Des faux airs d’années 50

Les Glorieuses ont mis à jour deux facteurs d’inégalités salariales : la vie de famille et les stéréotypes. Il faudrait vivre dans un igloo ou faire preuve d’une mauvaise foi confondante pour oser soutenir que les femmes n’ont pas plusieurs vies dans une seule journée : elles travaillent, s’occupent de l’éducation des enfants, assurent la prise en charge de leurs parents, se coltinent les tâches ménagères et encaissent la charge mentale qui avec… autant de responsabilités à assumer seule en l’absence d’un conjoint masculin compréhensif qui poussent 27 % des femmes à se mettre en temps partiel – contre 6 % chez les hommes.

« Les femmes sont concentrées dans un ensemble de catégories d’emplois limité, peu rémunérateurs et dans des niveaux hiérarchiques inférieurs : la communauté scientifique s’accorde à dire que ces ‘choix’ sont influencés par la prévalence des stéréotypes genrés. »

Mais la véritable explication se niche bien évidemment dans les psychés : les femmes sont victimes des stéréotypes qui continuent d’abreuver, encore aujourd’hui, les jeunes générations. Non content d’être plus sujettes aux agression sexuelles et à la discrimination à l’embauche (la fameuse excuse du congé maternité…), certaines perspectives professionnelles leur sont tout bonnement fermées. Elles ont beau être plus diplômées que les hommes, elles n’en demeurent pas moins sous-représentées et sous-rémunérées. Une situation qui s’aggrave considérablement avec le niveau d’études : c’est parmi les hautes sphères que les écarts salariaux sont les plus importants…

Des initiatives citoyennes

Les Glorieuses préconisent un plan d’action sur trois niveaux. Le premier porte sur l’aspect individuel : la solidarité féminine intra-entreprise pourrait faire bouger les choses pour peu que les femmes mènent des actions collectives lors des négociations de salaires et d’augmentations. Le second relève des entreprises – évidemment, c’est là que ça coince… La transparence étant très en vogue dans la sphère politique, elles pourraient l’adopter en matière de rémunération, revaloriser les plus bas salaires et même proposer une garde d’enfants !

Les politiques publiques constituent enfin le dernier niveau, le plus grippé des trois. A l’inverse de son voisin suédois, la France n’a pas remplacé le congé maternité par un congé parental de 16 mois. Les pères suédois sont donc obligés de prendre congé parental de 3 mois – 90 jours minimum – après la naissance de leur enfant.

Le hashtag #3novembre11h44 appelle à la mobilisation en promouvant l’inscription au Thunderclap, un site internet permettant de lancer un mouvement social. Accompagné d’une pétition en ligne, des rassemblements se dérouleront dans tout le pays, annoncés via Facebook.

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