D’une manière qui peut être très étonnante, une « greffe de caca » pourrait être la meilleure solution pour améliorer l’efficacité de l’immunothérapie. Selon une nouvelle étude, cette méthode qui modifie le microbiote intestinal serait particulièrement efficace pour les patients qui ne répondent pas à ce type de traitement.

Une modification du microbiote intestinal pour mieux répondre aux traitements contre le cancer

Le mélanome est une forme de cancer de la peau que l’on peut soigner par chirurgie, par radiothérapie, par traitement médicamenteux ou par immunothérapie. En ce qui concerne ce dernier type de traitement, les médecins observent généralement un taux d’échec de 40 % pour ce type de cancer. Des chercheurs de l’UPMC Hillman Cancer Center et du National Cancer Institute (NCI) ont cependant réalisé une étude qui pourrait changer la donne dans ce domaine. Selon leur recherche, une modification du microbiote intestinal par transplantation de matière fécale peut amplifier les effets positifs de l’immunothérapie.

Afin d’identifier les différences entre les patients qui répondent bien à l’immunothérapie et ceux qui n’y répondent pas, les scientifiques ont décidé de se concentrer sur les micro-organismes vivant dans les intestins. À cet effet, les chercheurs ont collecté des selles de patients atteints de mélanome qui ont bien répondu à l’immunothérapie. Ces matières fécales – et les microbes qu’elles contiennent – ont ensuite été transplantées dans les intestins de 15 patients qui n’avaient jamais réagi aux traitements auparavant.

Après avoir reçu la greffe, du pembrolizumab – un anticorps monoclonal dirigé contre la protéine PD-1 qui empêche le système immunitaire de lutter contre un cancer – a également été administré à ces patients. Cette opération a été répétée toutes les trois semaines et les patients ont été suivis pendant une période moyenne de 12 mois, a rapporté The Guardian. Il a été constaté qu’après la greffe, six des 15 patients ont répondu à l’immunothérapie pour la première fois. Il a en effet été observé soit une réduction de la tumeur soit une stabilisation de la maladie chez ces patients, et cela a été le cas pendant plus d’une année.

— Anatomy Image / Shutterstock.com

Une étude encore limitée, mais des résultats très prometteurs

« Nos résultats montrent qu’une seule transplantation de microbiote fécal administrée par coloscopie avec le blocage de la protéine PD-1 a réussi à coloniser l’intestin des répondeurs et à reprogrammer le microenvironnement tumoral pour surmonter la résistance primaire à l’anti-PD-1 », ont affirmé les chercheurs dans les résultats de leur étude publiée dans la revue Science. Ils ont également ajouté que la probabilité que cela soit lié à la chance était faible et que la transplantation est donc efficace. « La probabilité que les patients traités dans cet essai répondent spontanément à une deuxième administration d’immunothérapie anti-PD-1 est très faible », a déclaré Hassane Zarour, coauteur de l’étude, dans un communiqué.

« Donc, toute réponse positive devrait être attribuable à l’administration d’une transplantation fécale », a-t-il ajouté. Cela signifie notamment que certaines bactéries intestinales permettent de réduire la quantité de cellules immunitaires indésirables qui empêche de lutter contre un cancer. Quoi qu’il en soit, l’étude a ses limites, dans la mesure où le procédé n’a été testé que sur un très petit groupe de patients. Les chercheurs ignorent également quelles sont précisément les bactéries responsables de ces bienfaits. De plus amples études devraient donc encore être réalisées sur ce sujet. Les chercheurs prévoient également de réaliser des recherches sur l’efficacité de la transplantation fécale sur les patients qui souffrent d’autres formes de cancer que le mélanome.   

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