Le 30 janvier 1962, un étrange phénomène a commencé à Kashasha, un ville de la côte ouest du lac Victoria, en Tanzanie : une crise de fou rire collective qui dura six mois. Explications.
Ce fou rire collectif a débuté avec trois élèves d’un pensionnat de filles âgées de 12 à 18 ans. Elles ont commencé à avoir des crises soudaines de rire mais aussi des pleurs, dont la durée allait de quelques minutes à quelques heures. Elles étaient également agitées et certaines avaient des gestes violents. Les docteurs Rankin et Philip ont expliqué que ces troubles étaient contagieux et pouvaient durer jusqu’à seize jours.
Le 18 mars 1962, autrement dit moins de deux mois après le début de l’épidémie, 95 des 159 filles scolarisées étaient touchées. Alors que l’établissement a fermé, une deuxième vague appelé « maladie du rire » ou « folie » a touché 57 élèves entre le 21 mai 1962 et la fin du mois de juin. À mesure que les pensionnaires sont renvoyées chez elles, l’épidémie s’étend et leurs proches sont contaminés, avec d’abord les enfants et les adolescents puis les adultes. Dans l’agglomération de Nshamba, 217 habitants sur 10 000 sont touchés en deux mois et plusieurs écoles sont obligées de fermer.
Face à ce phénomène inquiétant et mystérieux, les experts ont mené une enquête de santé publique : ponctions lombaires et prises de sang. Toutefois, cela n’a apporté aucun résultat. L’hypothèse de l’intoxication alimentaire a été aussi écartée. Les docteurs ont donc penché pour une hystérie collective, avec une possible composante culturelle et personnelle. En effet, ce fou rire géant qui a duré six mois n’a touché aucun chef de village, professeur, policier ou intellectuel. « Les non-intellectuels, les pauvres et les individus très collectivistes sont davantage touchés dans les épidémies psy », a expliqué le psychiatre Patrick Lemoine. « Il ne faut pas oublier que dans une foule en proie à un phénomène hystérique, c’est la capacité à être à l’unisson, c’est-à-dire à s’oublier pour se fondre dans la collectivité, qui en est un des moteurs. »
Par ailleurs, en 1518, des centaines d’Alsaciens sont morts à cause d’une étrange épidémie de danse.
Par Cécile Breton, le
Source: Le Monde
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