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Des chercheurs américains ont identifié une substance de type psychédélique capable de produire rapidement des effets antidépresseurs durables chez la souris sans provoquer d’hallucinations.

Un mode d’action semblable à la kétamine

Appelée AAZ-A-154, la molécule agit sur les mêmes récepteurs sérotoninergiques que les médicaments antipsychotiques et les psychédéliques, favorisant la croissance neuronale et produisant des effets bénéfiques chez les rongeurs au cours des semaines suivant l’injection d’une seule et unique dose. Selon les chercheurs, la substance possède un mode d’action semblable à la kétamine, récemment apparue comme une approche prometteuse pour traiter la dépression, la toxicomanie et le syndrome de stress post-traumatique.

Les hallucinations induites par la plupart des substances psychédéliques actuellement étudiées (comme la psilocybine) impliquent l’administration des traitements expérimentaux dans un cadre contrôlé. Si une alternative sûre se révélerait évidemment très utile d’un point de vue clinique et pratique, les scientifiques ignorent encore si ces effets hallucinogènes contribuent ou non à remodeler notre cerveau.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Cell, des chercheurs de l’université de Californie ont cherché à en savoir plus sur ce point en codant génétiquement une protéine fluorescente dans un type spécifique de récepteur sérotoninergique responsable du déclenchement des hallucinations, ce qui leur a permis d’observer l’activation des récepteurs dans des tissus vivants.

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En appliquant ce nouveau capteur à 34 composés aux structures extrêmement similaires mais au potentiel hallucinogène inconnu, l’équipe a trouvé une molécule en particulier, AAZ-A-154, qui présentait une grande sélectivité pour le récepteur avec peu d’effets secondaires.

Deux composés candidats prometteurs

Lorsque le composé a été administré à des rongeurs, il a produit des effets de type antidépresseur en 30 minutes et n’a pas provoqué de spasmes de la tête, suggérant que le composé provoquerait des hallucinations chez l’Homme. Même à des doses relativement élevées, les résultats semblaient être les mêmes, les avantages cognitifs se prolongeant pendant plus d’une semaine.

Selon les chercheurs, il s’agit seulement de la seconde substance non hallucinogène à présenter des avantages cliniques similaires à ceux des psychédéliques.

Baptisé Tabernanthalog (TBG), l’autre composé avait été mis au point l’année dernière. Bien que celui-ci ait augmenté la ramification des neurones de souris de manière similaire à la kétamine, au LSD, à la MDMA et au DMT, il semble cependant que l’AAZ-A-154 puisse avoir des effets antidépresseurs plus forts et plus durables.

Davantage de recherches nécessaires avant d’envisager des essais cliniques

Ces composés n’ayant jusqu’à présent été testés que sur des rongeurs, des recherches beaucoup plus poussées seront nécessaires afin de comprendre les réactions sous-jacentes, intervenant aussi bien au niveau moléculaire que cellulaire, avant de pouvoir envisager des essais chez l’Homme.

« Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont utilisés depuis longtemps pour traiter la dépression mais nous sommes loin de connaître l’ensemble des mécanismes impliqués », conclut Lin Tian, auteur principal de l’étude.

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