
Une nouvelle étude scientifique dévoile les circonstances violentes ayant entouré la mort d’un homme préhistorique dans le nord-est de l’Italie, il y a environ 17 000 ans. L’homme a tragiquement perdu la vie dans une embuscade sanglante, victime d’attaques avec des projectiles tranchants en silex. Cette découverte, faite dans l’actuelle Italie, constitue l’une des plus anciennes preuves de conflits entre groupes humains. Une récente analyse des restes de ce chasseur-cueilleur, publiée dans Scientific Reports, éclaire les circonstances de sa mort.
Une découverte vieille de plusieurs décennies
En 1973, des archéologues ont mis au jour les restes partiels d’une personne dans l’abri sous roche de Riparo Tagliente, situé dans les Préalpes italiennes. Ce squelette, nommé Tagliente 1, n’avait jusqu’ici livré que peu d’informations : seuls ses membres inférieurs et quelques fragments du torse avaient été préservés à cause des perturbations survenues lors des fouilles initiales.
Ce n’est que récemment, plus de 50 ans après la découverte, qu’une équipe de chercheurs italiens s’est penchée à nouveau sur ces ossements, à la lumière des technologies modernes. Dirigée par le bioarchéologue Vitale Sparacello de l’université de Cagliari, l’équipe a réalisé une analyse détaillée en 3D du squelette, révélant de fines entailles bien visibles sur les os de la jambe gauche.
Les observations ont montré trois marques parallèles sur le fémur ainsi que deux autres sur le tibia. Ces incisions profondes et nettes ne laissaient guère de doute quant à leur origine : elles avaient été causées par des objets tranchants à grande vitesse, probablement des armes à projectiles en silex.

Des indices de violence préhistorique
D’après les chercheurs, les marques retrouvées sur les os de Tagliente 1 sont compatibles avec des blessures infligées par des pointes de projectiles fabriquées en silex. Ces armes étaient caractéristiques de la culture épigravettienne, un groupe de chasseurs-cueilleurs ayant vécu dans le sud de l’Europe au terme de la dernière glaciation, entre 17 000 et 14 500 ans avant notre ère.
Les scientifiques ont comparé ces lésions à celles obtenues dans des expériences antérieures menées sur des carcasses animales. Ils ont ainsi pu confirmer que les marques sur les os humains étaient bien causées par des projectiles lancés à haute vitesse, et non par des morsures d’animaux, des chutes, ou des processus naturels post-mortem.
Les détails de ces blessures permettent d’émettre une hypothèse que l’homme aurait été attaqué par plusieurs personnes, certains le frappant de face, d’autres de dos. Il aurait pu tenter de fuir ses assaillants, ou avoir été encerclé lors d’un guet-apens soigneusement orchestré. Selon Sparacello, « il ne s’agit probablement pas d’un simple accident, mais d’une embuscade préméditée ».

Une mort brutale et rapide
L’âge de Tagliente 1 au moment de son décès est estimé entre 22 et 30 ans, sur la base de l’examen de son bassin, de ses dents et de la croissance osseuse. Aucune trace de guérison n’a été détectée sur les blessures, ce qui suggère qu’il a succombé rapidement à ses blessures. L’une des entailles pourrait avoir atteint l’artère fémorale, une blessure souvent mortelle en quelques minutes en l’absence de soins.
Bien que l’identité des agresseurs demeure inconnue, certains éléments de contexte permettent de formuler des hypothèses plausibles. Une étude publiée en 2016 dans la revue Nature suggère que l’utilisation d’armes à projectiles est souvent associée à des conflits intergroupes, plutôt qu’à des rivalités personnelles.
Les chercheurs pensent que ces violences pourraient être liées aux changements climatiques de l’époque. Le recul des glaciers aurait ouvert de nouveaux territoires, suscitant des tensions et une compétition accrue pour les ressources.
Par ailleurs, l’analyse d’anciens génomes bouleverse la Préhistoire européenne.

Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Live Science
Étiquettes: squelette, préhistoire
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