
De nouvelles recherches montrent que les plaies humaines mettent quasiment trois fois plus de temps à cicatriser que chez d’autres mammifères, y compris les chimpanzés, qui comptent parmi nos plus proches parents vivants.
Des différences significatives
Pour parvenir à cette conclusion, Akiko Matsumoto-Oda, de l’université des Ryukyu, et ses collègues ont dans un premier temps réalisé des expériences impliquant quatre autres espèces de primates : des vervets bleus (Chlorocebus pygerythrus), des singes de Sykes (Cercopithecus albogularis), des babouins olives (Papio anubis) et des chimpanzés (Pan troglodytes).
Après avoir anesthésié cinq représentants de chaque espèce, l’équipe a rasé une petite zone de leur pelage et créé une plaie circulaire de 40 millimètres de diamètre, traitée avec une pommade antibiotique et recouverte de gaze pendant 24 heures afin d’éviter qu’elle ne s’infecte.
Des photographies et des mesures de la taille des plaies toutes les 48 heures ont révélé une vitesse de cicatrisation d’environ 0,61 millimètre par jour. Le même constat a été fait chez les souris et les rats, suggérant un taux optimal pour la plupart des mammifères.
En comparaison, l’examen de l’évolution des plaies de 24 patients japonais suite à l’ablation d’une excroissance cutanée a révélé une vitesse de guérison moyenne près de trois fois plus lente : 0,25 millimètre par jour seulement.

Environnements plus chauds et pilosité moins dense
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B : Biological Sciences, le fait que la vitesse de cicatrisation soit similaire chez les primates non humains et les chimpanzés (avec qui nous partageons plus de 98 % de notre ADN) indique que cette caractéristique nous en différenciant a évolué après la divergence avec notre dernier ancêtre commun, il y a au moins 6 millions d’années.
Si les raisons évolutives d’un tel ralentissement restent à ce stade floues, Matsumoto-Oda pense qu’il pourrait être lié à l’adaptation à des environnements plus chauds et, par extension, la réduction de la pilosité corporelle.
« Une plus grande densité de poils se traduit par une augmentation du nombre de cellules souches, et par une cicatrisation plus rapide », estime-t-elle. « Le support offert par les premières communautés humaines [soins, remèdes et partage de nourriture] pourrait avoir compensé ces inconvénients. »
Il y a quelques années, une étude avait révélé le rôle d’un interrupteur moléculaire clé dans le développement de notre volume cérébral, environ trois fois supérieur à celui des chimpanzés ou des gorilles.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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