Des preuves archéologiques suggèrent que le siège romain de Massada, au cours du Ier siècle de notre ère, aurait été beaucoup plus court que ne l’indiquaient les sources historiques et les précédentes recherches.
La citadelle de Massada
La prise de la citadelle de Massada, située sur un haut plateau du désert de Judée surplombant la mer Morte, a marqué la fin de la Grande Révolte juive (66 à 73 de notre ère). Selon l’historien Flavius Josèphe, la structure aurait été férocement défendue par les Sicarii, groupe dissident des zélotes juifs spécialisés dans l’assassinat, qui auraient préféré se donner la mort plutôt que de périr sous les lames des forces de l’empereur romain Vespasien.
Si la possibilité du « suicide collectif » d’un millier d’individus était depuis longtemps discutée par les universitaires, les résultats de fouilles débutées dans les années 1990 remettent aujourd’hui en question la durée du siège, qui avait impliqué la construction d’un mur circulaire autour du plateau montagneux, complété par une série de campements et de forts temporaires.
S’appuyant notamment sur des relevés par drone et la modélisation 3D, les chercheurs ont déterminé que l’enceinte principale aurait pu être achevée par quelques milliers de soldats romains en moins de deux semaines, ce qui leur aurait permis de se concentrer sur la construction de la rampe ayant permis de hisser la tour de siège et le bélier qui allaient leur permettre de franchir les murs de la forteresse.
Un siège éclair
Alors qu’il était jusqu’à présent supposé que le siège de Massada s’était étalé sur environ sept mois, ces nouvelles estimations suggèrent que sa durée totale n’aurait en réalité pas excédé deux mois.
« Pour les Romains, ce type d’opération militaire ayant impliqué 6 000 à 8 000 soldats n’avait rien d’extraordinaire », estime Guy Stiebel, co-auteur principal de l’étude, publiée dans le Journal of Roman Archaeology. « Ils sont venus, ont agi méthodiquement et sont repartis au bout de quelques semaines. »
À première vue, la mobilisation de tels moyens humains et logistiques en plein désert, et plusieurs années après le siège et la prise de Jérusalem, peut sembler surprenante. Loin d’être une simple démonstration de force, elle visait selon Stiebel à se débarasser des rebelles juifs, qui menaçaient l’approvisionnement en baume de Judée. Une résine végétale à l’odeur suave, produite dans l’oued voisin d’Ein Gedi et utilisée par les Romains pour fabriquer des remèdes et des parfums.
Par Yann Contegat, le
Source: The Guardian
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