Image d’illustration-— TheVisualsYouNeed / Shutterstock.com

Le « revenge porn » est un phénomène ancré dans nos sociétés ultra-connectées. Consistant à envoyer contre son gré des photos dénudées d’une personne, ce délit s’est malheureusement aggravé pendant le confinement. Il est important de rappeler que chacun est responsable face à ce type de situation.

Un phénomène aggravé par le confinement

Pour rappel, le « revenge porn » consiste, comme le rappelle e-enfance.org, « à se venger d’une personne en rendant publics des contenus dits pornographiques l’incluant dans le but évident de l’humilier ». La personne concernée n’a pas donné son consentement et se retrouve prise dans un engrenage terrible. Il est important de rappeler que de tels actes constituent un délit, puni par l’article 226-2-1 du Code pénal, qui prévoit des peines de 2 ans d’emprisonnement et de 60 000 € d’amende. Mais alors, qu’est-ce qui pousse les personnes à se rendre coupables de tels actes ? De telles pratiques peuvent avoir de graves conséquences, qui peuvent même mener au suicide.

Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler le « profil type » des victimes tout comme celui des coupables. Comme le rappelle Le Monde, un rapport sur la santé des jeunes en Europe, publié en mai par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a établi que 14 % des filles et 12 % des garçons disent avoir été harcelés. À l’inverse, 12 % des garçons et 4 % des filles disent avoir déjà harcelés. L’âge le plus en danger se situe vers 13 ans, et ce sont donc principalement les filles qui en sont victimes.

C’est principalement sur Snapchat que de tels comportements ont pu être observés. Sur des comptes « Fisha » ou « Ficha » (« se taper l’affiche » en verlan), les victimes découvrent bien souvent que des photos d’elles dénudées circulent de main en main, à leur insu. Les Inrocks rappellent le fonctionnement de ces comptes : ils demandent qu’on envoie des photos intimes à l’insu d’une personne. “Allez-y à balle, je mets tout”, promettait un des comptes. Tous les soirs à 20h, des photos, principalement d’une fille mineure, sont diffusées, et parfois même avec son numéro de téléphone. Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a confié à 20 Minutes : « Nous avons noté une forte recrudescence de ces actes depuis le début du confinement. Près de 50 signalements ont déjà été faits par mes équipes auprès de Snapchat. »

Chacun a sa part de responsabilité dans le phénomène

L’ennui est évoqué comme raison principale de l’augmentation du nombre de cas de revenge porn durant le confinement. Par désoeuvrement, des jeunes, se croyant intouchables sur les réseaux sociaux, vont « afficher » des filles pour s’amuser. Comme l’explique une personne impliquée dans le mouvement #StopFisha, beaucoup de ces jeunes garçons estiment ne rien faire d’illégal ni rien de mal, alors même qu’il s’agit d’un délit, qui plus est totalement immoral. Kate Isaacs, fondatrice de la campagne #NotYourPorn, qui lutte contre ces phénomènes et encourage les plateformes à agir, explique aux Inrocks : “Cela commence souvent chez les couples d’ados qui, en période de confinement, partagent plus de contenu à caractère sexuel car ils sont loin l’un de l’autre. C’est une expression actuelle de leur sexualité. Cela réveille un voyeurisme, tandis que d’autres y voient une façon de gagner de l’argent, ou pour qui c’est simplement un passe-temps. Nous avons noté un pic de 50 % de revenge porn à travers les plateformes depuis le début de la quarantaine, un nombre record.”

La mise au défi peut également expliquer le comportement de certains garçons : au collège, ces derniers ont tendance à exiger des filles qu’elles leur envoient des photos d’elles nues afin de prouver qu’ils ont une vie sexuelle et qu’ils ne sont pas gays, l’homophobie étant très présente au collège, comme le rappelle Maïa Mazaurette au Monde. Les filles le font, par peur d’être cataloguées comme « coincées ». La prévention, de la part des parents notamment, sans culpabilisation ni jugement, est primordiale. En effet, il ne s’agit pas de faire culpabiliser la jeune fille, à coups de « je te l’avais bien dit », « tu n’avais qu’à pas », sachant que chacun est libre d’envoyer des photos à qui il souhaite. Il faut également éduquer autant les garçons que les filles aux rapports de pouvoir et aux paradoxes auxquels elles sont confrontées, par exemple en « devant » envoyer de telles photos par crainte d’être considérées comme trop prudes, et se faire insulter ensuite.

Les personnes qui reçoivent ce genre de photos ne doivent pas les faire circuler, car c’est souvent l’effet de groupe qui est recherché dans ce cas. Les victimes peuvent appeler le site NetEcoute.fr, qui propose des tchats en ligne, ou bien le 0800 200 000, gratuit.

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2 Commentaires
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albert
albert
3 années

on couche pas avant le mariage…