Le 23 et le 24 mars, un procès emblématique se déroule à Alès : celui de l’abattoir de Vigan, dans le Gard. Trois employés et la communauté des communes vont être jugés pour maltraitance envers des animaux en captivité.

Pourquoi y a t-il un procès ?

En février 2016, l’association L214 a diffusé une série de vidéos insoutenables, pointant du doigt les sévices infligés aux animaux par trois employés de l’abattoir certifié bio du Vigan, dans le Gard. Ces caméras cachées montraient les employés riant aux éclats lorsqu’ils électrocutaient ou brûlaient des cochons avec une pince à électronarcose ou encore lorsqu’ils jetaient les moutons contre les enclos après les avoir torturés puis tués.

Parfois même encore conscients, les animaux étaient sauvagement saignés et étourdis. Suite à la diffusion de ces vidéos, une commission d’enquête parlementaire a été créée par le procureur d’Alès et une proposition de loi « relative au respect de l’animal en abattoir » avait été votée par l’Assemblée nationale. L’abattoir a été fermé et le personnel suspendu jusqu’à nouvel ordre.

Un procès emblématique et une première en France

Trois employés et la communauté des communes du pays viganais sont jugés dans le Gard dans un procès encore jamais vu en France. Les deux premiers employés appelés à la barre, Gilles E. et Nicolas G., sont accusés d’avoir « exercé volontairement des mauvais traitements » sur des animaux captifs et sans défense, risquant 750 euros d’amende maximum.

Le troisième, un salarié nommé Marc S. sera jugé pour avoir commis des « sévices graves et actes de cruauté envers un animal tenu en captivité », risquant jusqu’à deux ans de prison, 30 000 euros d’amende ainsi que l’interdiction d’exercer son métier. La communauté des communes, quant à elle, est considérée comme une personne morale. En effet, ancienne détentrice de l’abattoir, elle est responsable pour la mise à mort d’animaux « sans précaution pour leur éviter de souffrir ». Elle encourt huit amendes, s’élevant à 3 750 euros chacune. Ce procès est totalement inédit, car il fait appel à un dispositif exceptionnel : neuf associations prendront la place de la partie civile, dont L214, la SPA ou encore la Fondation Brigitte Bardot.

Une réouverture de l’abattoir est envisagée pour avril 2017, il sera constitué d’un collectif d’une cinquantaine d’éleveurs locaux, d’associations et de consommateurs. « On veut en faire un abattoir éthique et paysan. Nous allons pratiquer l’abattage de nos propres bêtes, maîtriser le processus de A à Z, pour être sûrs que cette étape du circuit de distribution soit faite dans le respect de l’animal », explique Stéphane Thiry, éleveur de bovins bio dans le Gard.

Image issue du reportage de L214 sur l’abattoir de Vigan, dans le Gard. © L214

Un combat de chaque instant

Malheureusement, la maltraitance des animaux dans les abattoirs est une pratique assez courante, et l’abattoir de Vigan est loin d’être un cas isolé. Les infractions sont nombreuses et la liste des atrocités infligées aux animaux est longue : non-conformités des installations servant à l’abattage, cages illégales, surdensité, non-respect de l’animal… Mais des associations mènent un combat sans merci contre toutes les pratiques intolérables des abattoirs français. L214 recense sur son site internet tous les abattoirs non-conforme à la loi, avec des vidéos à l’appui.

Grâce aux actions menées par l’association L214, une commission d’enquête parlementaire a préconisé plus de 65 mesures dont l’intervention des vétérinaires dans les abattoirs, le renforcement de la vidéosurveillance et la formation des employés. Résultat ? L’Assemblée nationale a voté l’obligation d’installer des caméras de surveillance dans les abattoirs dès 2018 et les sanctions seront dorénavant sans appel.

Image issue du reportage de L214 sur l’abattoir de Vigan, dans le Gard. © L214
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