Pour lutter contre la pollution marine, deux anciens surfeurs ont eu l’idée du siècle : la « poubelle des mers », un dispositif conçu pour collecter les déchets flottants dans les zones portuaires. Sa récente commercialisation pourrait bien donner un coup de pouce à l’écologie !
La pollution marine, une catastrophe environnementale
Lorsque l’on parle « pollution », on entend souvent « atmosphère », « gaz à effet de serre », « air irrespirable »… Mais la pollution ne se situe pas qu’au-dessus de nos têtes : elle est aussi dans les mers et dans les océans. Les engrais, pesticides, déchets industriels et autres détritus se répandent dans les cours d’eau, jusqu’à finir dans les océans. Quant aux composés chimiques rejetés dans l’air, le vent les transporte et ils retombent dans les gigantesques étendues d’eau de la planète.
Ainsi, les pollutions d’origine terrestre (nous entendons par-là la pollution agricole, les déchets plastiques…) représentent environ 80 % de la pollution marine dans le monde, selon l’UNESCO. Cela engendre dans l’océan des « zones mortes », des espaces marins dans lesquels les animaux ne peuvent pas survivre. Dans le monde, on dénombre pas moins de 500 de ces zones, recouvrant plus de 245 000 km2 (soit plus que la surface du Royaume-Uni).
En se désagrégeant dans l’océan, les déchets plastiques laissent dans leur sillage des microparticules toxiques que les animaux marins prennent pour de la nourriture. Une fois accumulées dans leur estomac, ces microparticules les étouffent et les tuent. Et cela n’est qu’une infime partie du résultat de la pollution de l’Homme : nous ne parlerons pas de la dangereuse prolifération des algues marines due à l’excès d’azote, des fuites de substances toxiques provenant de stations pétrolières, ou de l’empoisonnement des poissons que l’on ingère ensuite !
La « poubelle des mers », un projet qui date
Pour toutes ces raisons, deux surfeurs australiens répondant au nom d’Andrew Turton (également constructeur de bateau) et Peter Ceglinski (également designer) se sont mis en tête de créer la « Seabin », en français la « poubelle des mers ».
L’idée germe dans l’esprit de Turton il y a 7 ans. Passionné de navigation, il remarque durant ses périples que les zones portuaires sont soumises à de nombreux déchets flottants, tels que les sacs plastiques, les bouteilles, et les canettes. Quant aux bateaux se ravitaillant, ils rejettent des nappes d’hydrocarbures nocives pour la santé des eaux. C’est alors qu’en 2013, il s’associe à Ceglinski pour créer plusieurs prototypes, grâce à un financement participatif à hauteur de 550 000 euros.
Mais c’est véritablement grâce à l’investissement de Poralu Marine, société spécialisée dans les équipements portuaires, que le projet aboutit. Présente dans 18 pays répartis sur les 5 continents, la société se charge en effet de la commercialisation de la Seabin de par le monde. Une belle histoire pour une idée révolutionnaire.
Le futur de l’écologie
La « poubelle des mers » est grosso modo un aspirateur de déchets flottants. En le fixant à un ponton, la machine crée un courant continu grâce à sa pompe électrique. Capable de déplacer jusqu’à 25 000 litres par heure, elle attire objets et autres hydrocarbures vers elle. À l’intérieur se trouve un sac composé de fibres naturelles qui peut piéger jusqu’à 20 kilos de déchets. Quant aux hydrocarbures, ils sont maintenus dans un réceptacle spécial. L’eau propre, elle, est rejetée.
Les agents portuaires n’ont plus qu’à vider la poubelle des mers pour que les plastiques soient redirigés vers un centre de recyclage, tandis que les hydrocarbures devront aller dans une filière de traitement. Sur le site officiel, les créateurs estiment que la Seabin pourra saisir jusqu’à 1,5 kg de déchets par jour, et qu’il faudra donc la nettoyer au moins une fois par mois pour assurer son état de fonctionnement. Et last but not least, sa faible consommation d’énergie finira de séduire les villes côtières, d’autant qu’elle peut fonctionner grâce à l’apport d’énergies renouvelables.
Pour autant, cette révolution a un prix : 3300 € l’unité. Si une institution ou une personne en achète 100, une poubelle individuelle ne coûte plus que 2700 €. Un coût que la ville de Portsmouth, en Angleterre, et que La Grande Motte, près de Montpellier, vont sûrement s’acquitter puisque le dispositif y a déjà été testé et expérimenté.
Par Steve Tenre, le
Source: Sciences et Avenir
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Catégories: Actualités, Écologie