Tim Burton est l’un des plus grands cinéastes, réalisateurs, scénaristes et producteurs. Incontournable adepte du fantastique et influencé par la fameux Edgar Allan Poe, il est aussi bien passé chez Disney que dans les studios de Hollywood. Il est de surcroît considéré comme étant un très bon graphiste et conteur. Son univers et ses acteurs favoris comme Helena Bonham Carter et Johnny Depp le caractérisent également. Aujourd’hui, nous vous proposons de plonger au cœur du parcours de Tim Burton, de ses débuts en tant qu’animateur chez Disney à réalisateur de films à grand succès.
Les débuts de Tim Burton : de Burbank à Disney
Né le 25 août 1958 à Burbank, en Californie, Tim Burton, de son vrai nom Timothy Walter Burton, passe la majeure partie de son enfance en solitaire. Fils d’une mère travaillant dans une boutique d’objets sur les chats et d’un père travaillant dans un parc de loisirs, il préfère passer son temps dans des cinémas où il adore par-dessus tout voir et revoir surtout des films d’horreur, fantastiques et surtout ceux dans lesquels Vincent Price a joué. Réfugié très tôt de ses propres imaginations et visions, “enfant il terrorisait [même] son voisin en lui faisant croire que les extra-terrestres existaient et qu’ils allaient débarquer sur terre”, comme l’a rapporté Jean-Baptiste Toussaint, spécialiste cinéma et séries, photographe et vidéaste, sur France Inter.
Sa grande appétence pour le monde du cinéma se manifeste donc très tôt. Comme l’explique Aurélien Ferenczi dans son ouvrage Cahiers du cinéma, Tim Burton rend même à ses professeurs des petits films en guise de devoirs. Il est de surcroît particulièrement doué pour le dessin et gagne un concours organisé pour décorer les camions de Burbank, comme le rapporte Mark Salisbury dans son livre Tim Burton par Tim Burton.
Après ses études, il apparaît évident que Tim Burton se soit dirigé vers le monde de l’animation. Il intègre la California Institute of the Arts en 1976. En 1979, il réalise L’attaque du céleri monstrueux, film d’animation de fin d’année qui lui permet d’être remarqué puis embauché par les studios Disney dont le siège se trouve d’ailleurs à Burbank.
Tim Burton et Disney
A son arrivée chez Disney, Tim Burton commence par travailler sur Taram et le Chaudron magique, sorti en 1985, en tant qu’artiste concepteur. Pour ce dessin animé, il imagina toute une série de monstres qui ne furent finalement pas retenus. Il a aussi travaillé sur Rox et Rouky, sorti en 1981. Au sujet de ce film, il a même affirmé que “ce n’est pas un très bon souvenir. Leur vision du dessin n’était pas la [s]ienne. [Il] se sentai[t] enfermé dans un schéma qui ne cadrait pas ce qu’[il] étai[t]. Mais […] grâce à eux [il] a pu travailler en parallèle sur [s]es premiers courts métrages.”
Par la suite, en 1982, Disney offre 60 000 dollars à Tim Burton pour qu’il puisse réaliser son tout premier court-métrage, Vincent. Par chance, c’est Vincent Price en personne qui est le narrateur de cette histoire. Ce court dessin animé sera par la suite projeté au festival du film d’animation d’Annecy en 1983 où il remporte le prix de la critique. Il remporte de surcroît deux prix aux festivals de Londres, Chicago et Seattle. En outre, Tim Burton met en scène une version asiatique d’Hansel et Gretel sous la forme d’un téléfilm réalisé pour Disney Channel. Il s’agit de la première expérience avec des acteurs pour le cinéaste.
L’année 1984 permet à Tim Burton de réaliser un court métrage plus long, avec des vrais décors et des acteurs : Frankenweenie. Pour le réaliser, il s’inspire de son enfance à Burbank avec des caniches à la chevelure géante ainsi que des golfs miniatures avec des moulins à vent. Alors que les studios Disney considéraient ce court métrage comme trop dark et non adapté pour les plus jeunes, ils reviennent finalement sur leur décision et l’ajoutent même en avant-programme de la réédition du film Pinocchio.
Particulièrement déçu et déprimé par certaines réticences des studios Disney, Tim Burton décide finalement de les quitter.
En route vers Hollywood
En 1985, après avoir abandonné les studios Disney, la chance sourit à Tim Burton. En effet, Tim Burton est repéré par Warner Bros. pour réaliser le film Pee-Wee Big Adventure dont Paul Reubens est la vedette. Pour le réaliser, Tim Burton travaille même pour la première fois avec un compositeur de musique : Danny Elfman.
De 1985 à 1988, Tim Burton se voit proposer plusieurs scénarios qu’il considère tous comme étant des “comédies débiles”, comme l’explique Mark Salisbury dans son ouvrage. En 1988, il est finalement choisi pour réaliser Beetlejuice, personnage qu’il a d’ailleurs lui-même imaginé. Le budget est principalement consacré aux effets spéciaux. L’écrivain Michael McDowell considère ce film comme étant un film optimiste sur la mort, comme le précise Mark Salisbury. Grâce à ce film, Tim Burton met davantage en avant son univers à la fois poétique, comique et macabre.
Par ailleurs, Tim Burton a marqué les esprits en réalisant sa relecture originale et plus dark de Batman, sorti en 1989. Son héros éponyme est plus sombre et plus névrosé. Il est incarné par Michael Keaton. Jack Nicholson est, lui, choisi pour incarner le fameux Joker.
Tim Burton réalise également Batman : Le Défi en 1992.
Batman a suscité beaucoup de critiques, aussi bien positives que négatives, et d’étonnement, notamment de Bob Kane, créateur de Batman, qui est surpris par les choix artistiques de Tim Burton. Déçu, ce dernier décide alors de se lancer dans un film bien plus intimiste : Edward aux mains d’argent.
L’arrivée d’Edward aux mains d’argent
Edward aux mains d’argent est le film le plus personnel de Tim Burton. Ce dernier fait appel aux studios 20th Century Fox afin de financer son film. Ce film narre le parcours d’un homme avec des mains-ciseaux, à la fois attachant et naïf et qui casse sans le vouloir tout ce qu’il touche. Il fait également face à la cruauté des autres Hommes.
Mais Edward aux mains d’argent est également pour Tim Burton l’occasion de rencontrer Johnny Depp. L’alchimie est parfaite : ils se reconnaissent mutuellement. Leur rencontre est importante car elle détermine la suite de leur carrière et marque fortement leur image. L’acteur incarne Edward. Vincent Price tient, quant à lui, le rôle de l’inventeur de ce dernier. De plus, Stan Winston, spécialiste des effets spéciaux et du maquillage, est chargé de réaliser le costume et les mains-ciseaux du personnage. Danny Elfman est également à la partition.
“Edward aux mains d’argent parle de la cruauté de la société face aux individus différents. C’est un être différent, en marge, qui veut juste être aimé et à la fin il n’y a pas de happy end, il finit seul, sans l’amour de personne”, explique Océane Zerbini, fondatrice du podcast “The Lemon Adaptation Club”, sur France Inter. Plaidoyer pour la tolérance, cette fable noire mélange à la fois merveilleux et fantastique. Elle confronte aussi l’imaginaire de Tim Burton à la représentation d’une banlieue américaine dangereuse.
Il s’agit finalement d’une interprétation de son enfance. Ce film met également en évidence un thème très fort chez Tim Burton : la cicatrice. L’idée cachée derrière cela est le fait que nous ne pouvons avancer que si nous nous reconstruisons. “Le cinéma de Tim Burton est avant tout un cinéma qui parle de mutation, qu’elle soit physique ou psychologique, même en sous-texte”, commente Dedo, auteur, comédien et humoriste, sur France Inter.
La poursuite du succès
Après Edward aux mains d’argent, le succès se poursuit pour Tim Burton. En 1993, il sort effectivement sur grand écran un nouveau film : L’Etrange Noël de monsieur Jack. Le scénario s’appuie sur un poème qu’il avait écrit lorsqu’il était chez Disney. Ce film fait écho au Grinch du Dr Seuss, l’un des poètes favoris du cinéaste. Il s’agit de surcroît d’un film d’animation image par image et sa mise en scène est aboutie en trois ans. Etant propriétaire du poème, Disney le produit. Danny Elfman est chargé de composer la musique et transforme même le poème en une véritable comédie musicale sur un Noël aux allures d’Halloween. Et le succès est au rendez-vous !
Le succès de Tim Burton se poursuit en 1996 avec la sortie de son nouveau film Mars Attacks!. Le scénario s’appuie sur le jeu de cartes Topps qui représente des martiens et dinosaures. Il narre l’histoire d’enfants qui sauvent la planète d’envahisseurs pendant que le président fait face à des journalistes qui se demandent si les martiens ont un sexe. Le cinéaste offre volontairement à son film un aspect ringard en s’inspirant du style des films de science-fiction à faible budget des années 1950. Même si ce film est loin d’être gothique, nous retrouvons la touche d’humour de Tim Burton. Le film a surtout énormément de succès en France.
Les années 2000
Des années 2000 à aujourd’hui, Tim Burton poursuit la réalisation de grands films. En 2001, il accepte d’être le réalisateur d’un remake de La Planète des singes. Ce film lui permet d’ailleurs de rencontrer Helena Bonham Carter qui va devenir sa compagne jusqu’en 2014. Le film obtient de bons résultats.
Par la suite, il réalise Big Fish. Ce film raconte l’histoire d’un homme qui va devenir père mais qui va aussi perdre le sien. Un scénario qui rappelle la propre histoire du cinéaste ayant perdu son père en 2000 et ayant eu un fils en 2003. Ce film fait de surcroît l’éloge de l’imaginaire s’opposant à la platitude du monde réel. Ewan McGregor est la vedette de Big Fish. Même si le style de Tim Burton change un peu pour ce film, nous le retrouvons tout de même avec des personnages comme des sorcières, géants ou encore loups-garous.
2005 est une année qui permet à Tim Burton de concrétiser un très vieux projet datant de plus de quinze ans : mettre en scène Charlie et la Chocolaterie de Roald Dahl, écrivain étant sa plus grande source d’inspiration. Johnny Depp est à nouveau la vedette en incarnant un Willy Wonka survolté aux airs du démon dans Beetlejuice et dont l’apparence rappelle celle d’Alex dans Orange mécanique de Stanley Kubrick. Danny Elfman est lui aussi une nouvelle fois choisi pour composer la mélodie du film.
Seulement quatre mois plus tard, Les Noces funèbres arrive sur grand écran. Nous retrouvons encore les acteurs Johnny Depp et Helena Bonham Carter qui prêtent leurs voix aux marionnettes. Le scénario s’appuie sur un conte russe. Dans ce film, la bourgeoisie est présentée comme cynique et terne et Tim Burton affiche sa préférence pour le monde des morts qui est montré comme animé et coloré. Les critiques de ce film sont très favorables.
Par la suite, en 2008, Tim Burton retrouve sa veine macabre et gothique en sortant Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street. Il s’agit d’une adaptation de la comédie musicale de Stephen Sondheim, mise en scène en 1979 et dans laquelle le barbier est victime de la société. Dans le film, Johnny Depp incarne le barbier, Helena Bonham Carter son épouse et vendeuse de tourtes à la viande, Mrs Lovett, et le célèbre Alan Rickman incarne Turpin, juge corrompu dont Sweeney Todd veut se venger. Le film obtient un très grand succès.
Des années 2010 à aujourd’hui
A partir de 2012, Tim Burton renoue avec Disney afin de réaliser sa propre adaptation de Alice au pays des merveilles. Dans ce film, qui est en réalité la suite du roman de Lewis Carroll, Alice, incarnée par Mia Wasikowska, a 19 ans. Nous retrouvons encore Johnny Depp qui incarne le Chapelier fou et Helena Bonham Carter la Reine rouge. Même si Tim Burton a pour habitude d’utiliser des techniques de tournage traditionnelles, ce film a nécessité majoritairement des effets numériques et est presque entièrement tourné sur fond vert. Si les critiques sont mitigées, il s’agit du plus gros succès de Tim Burton ainsi que le 45e film le plus lucratif de l’histoire.
L’année 2012 se poursuit pour Tim Burton avec la sortie de Dark Shadows, adaptation de la série télévisée éponyme des années 1960. Le cinéaste retrouve une nouvelle fois Johnny Depp, Helena Bonham Carter mais également Michelle Pfeiffer, qui avait dirigé Batman : Le Défi.
2012 est aussi l’année au cours de laquelle Tim Burton sort le remake de Frankenweenie en film d’animation. Si le succès commercial n’est pas au rendez-vous, le film reçoit tout de même de bonnes critiques.
Le film qui suit sort en 2014. Il s’agit de Big Eyes. Il narre les histoires entre Margaret et Walter Keane concernant l’attribution des portraits d’enfants aux grands yeux qui les ont rendus célèbres. Il s’agit d’un retour au film biographique pour le cinéaste.
Par la suite, en 2016 Tim Burton réalise le film fantastique et d’horreur Miss Peregrine et les Enfants particuliers, adaptation du roman éponyme de Ransom Riggs. Nous y retrouvons des acteurs comme Eva Green, Samuel L. Jackson, Judi Dench ou encore Asa Butterfield. Il s’agit encore d’un film à succès.
Finalement, le dernier film en date du cinéaste du fantastique par excellence Tim Burton est une adaptation en prises de vues réelles de Dumbo, sorti en 2019 pour Walt Disney Pictures.
Que pensez-vous de Tim Burton ? Quel est votre film favori de ce cinéaste ?