Chaque année, un fléau bien particulier est responsable de la mort de 8,8 millions de personnes, selon l’OMS. Il s’agit de la pollution de l’air qui, en plus de tuer ces millions de personnes, raccourcit l’espérance de vie d’environ 3 ans dans le monde entier. C’est bien plus que le tabagisme, qui cause une perte d’espérance de vie de 2,2 ans en moyenne et fait 7,2 millions de morts, ou que le sida qui fait 1 million de victimes par an.
UNE ÉTUDE INÉDITE
Cette étude, réalisée par les chercheurs de l’Institut Max Planck de chimie et du Centre médical universitaire de Mayence, a été publiée dans le journal Cardiovascular Research. Elle estime que la pollution de l’air est à l’échelle mondiale, beaucoup plus souvent responsable d’une perte d’espérance de vie que d’autres facteurs de risque tels que le tabagisme, les maladies infectieuses ou la violence. Jos Lelieveld, directeur de l’Institut Max Planck de chimie, déclare que « la pollution de l’air dépasse le paludisme en tant que cause de décès prématuré d’un facteur 19 ; elle surpasse la violence d’un facteur 17 et le VIH d’un facteur 9. Compte tenu de l’énorme impact sur la santé publique et la population mondiale, on pourrait dire que nos résultats indiquent une pandémie de pollution de l’air. » La pollution atmosphérique serait donc le mal qui réduit le plus l’espérance de vie dans le monde entier.
C’est la première fois qu’une étude est réalisée dans l’objectif de déterminer l’impact à l’échelle mondiale de la pollution de l’air sur la santé humaine par rapport à d’autres facteurs de risque. « Notre comparaison des différents facteurs de risque mondiaux montre que la pollution de l’air ambiant est l’une des principales causes de mortalité prématurée et de perte d’espérance de vie, en particulier à cause des maladies cardiovasculaires », assure Thomas Münzel, directeur du Centre de cardiologie du Centre médical universitaire de Mayence.
LA POLLUTION HUMAINE À L’ORIGINE DE MORTS PRÉMATURÉES
Les morts prématurées sont majoritairement dues à des maladies cardiovasculaires elles-mêmes engendrées par la pollution atmosphérique. Elles représenteraient 43 % du raccourcissement de l’espérance de vie à l’échelle mondiale. En outre, la pollution atmosphérique aurait un effet considérable sur la vie des personnes âgées, qui s’éteignent plus prématurément. Dans le monde entier, près de 75 % des décès attribuables à la pollution de l’air concernent des personnes de plus de 60 ans.
Attention cependant : il faut faire la différence entre les conséquences d’une pollution dont l’origine est humaine et une pollution dont l’origine est naturelle et par exemple causée par des feux de forêt, du volcanisme. Au travers de leur étude, les scientifiques ont montré que deux tiers des morts prématurées étaient dues à la pollution humaine. Les combustibles fossiles seraient la plus grande source de pollution, les chercheurs pensent donc qu’en supprimant leurs émissions, nous pourrions voir notre espérance de vie augmenter d’un peu plus d’un an.
UNE POLLUTION TRÈS IMPORTANTE EN ASIE
La pollution atmosphérique est plus ou moins importante selon les pays. C’est en Asie de l’Est que le nombre de décès dus à la pollution de l’air est le plus élevé, avec un pourcentage de 35 %, puis l’Asie du Sud avec un pourcentage de 32 %. L’Europe a quant à elle un pourcentage de 9 %. C’est en Australie que le pourcentage est le moins élevé, puisqu’il est à 1,5 %. Les normes de qualité de l’air sont parmi les plus strictes au monde. La pollution de l’air étant beaucoup plus importante en Asie, supprimer les émissions de combustibles fossiles aurait par conséquent un impact beaucoup plus fort en Asie de l’Est, puisque ce sont trois à quatre années de vie qui pourraient être gagnées sur l’espérance de vie.
Thomas Münzel affirme que « cinq millions et demi de morts sont évitables chaque année » et incite les politiques aussi bien que la communauté médicale à prendre la menace au sérieux. À cause de la pollution atmosphérique, l’espérance de vie serait réduite de 4,1 ans pour les Chinois.e.s, de 3,9 ans pour les Indien.ne.s, et de 3,8 ans pour les Pakistanais.e.s. Rien que pour les populations de l’Uttar Pradesh en Inde, la pollution atmosphérique engendrerait une réduction de l’espérance de vie de 8,5 ans. En Europe, ce sont 800 000 personnes qui décèdent trop tôt chaque année en raison de maladies causées par la pollution atmosphérique. L’air pollué raccourcit leur espérance de vie de plus de deux ans.
« Nous comprenons de plus en plus que les particules fines favorisent principalement les lésions vasculaires et donc les causes et maladies telles que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, l’arythmie cardiaque et l’insuffisance cardiaque. Il est de la plus haute importance que la pollution de l’air soit reconnue comme facteur de risque cardiovasculaire et qu’elle soit clairement mentionnée dans les lignes directrices ES/AHA sur la prévention, les syndromes aigus et coronariens et l’insuffisance cardiaque », estime Münzel. Malheureusement, regrette le chercheur, les médecins accordent moins d’importance à la pollution de l’air qu’au tabagisme.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: Futura-sciences
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Catégories: Actualités, Santé, Non classé
C’est bien d’en parler,mais la télé n’en parle pas.