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Un géant industriel suisse exporte des pesticides interdits vers des pays en voie de développement

L’association Public Eye révèle que le géant suisse de l’agroalimentaire Syngenta produit et exporte vers des pays en développement de l’atrazine et du paraquat, deux pesticides interdits à la vente en Suisse et au sein de l’Union Européenne.

DES PESTICIDES RECONNUS COMME DANGEREUX

Selon le communiqué de l’association, le groupe industriel profite des législations moins restrictives de certains pays en développement pour continuer à écouler ses stocks de marchandises. Sont concernés par ces exportations : l’Argentine, le Brésil, le Cameroun, la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Pérou et la Thaïlande. Public Eye souligne l’hypocrisie de ce « double standard » qui voit des produits toxiques fabriqués et exportés depuis des pays où ils sont eux-mêmes interdits à cause de leur dangerosité.

L’atrazine et la paraquat sont reconnus comme étant parmi les pesticides les plus toxiques au monde et ont été, à ce titre, interdits à la vente en Suisse et dans l’Union Européenne. L’association rappelle que le paraquat est la cause de milliers d’empoissonnements chaque année et, comme le souligne un rapport, il est lié à plusieurs maladies chroniques dont la maladie de Parkinson. L’atrazine, quant à lui, est un perturbateur endocrinien qui affecte le système reproducteur et augmente le risque de cancer.

UN ACTE ILLÉGAL ?

Pour les Rapporteurs Spéciaux des Nations Unies sur les déchets toxiques et sur le droit à l’alimentation, « le fait d’exposer la population d’autres pays à des toxines, dont il est avéré qu’elles provoquent de graves problèmes de santé, et peuvent même entraîner la mort, constitue une violation des droits humains ».

Public Eye rappelle aussi que la Suisse est signataire de la Convention de Bâle et a donc l’obligation d’interdire « l’exportation de déchets dangereux et d’autres déchets dans les Parties qui ont interdit l’importation de tels déchets ». Or le Cameroun, pays concerné par les exportations de Syngenta, considère comme déchets dangereux « les substances dangereuses qui ont été frappées d’interdiction […] dans les pays de production pour des raisons de protection de la santé humaine ou de l’environnement ».

L’association appelle donc les autorités suisses a prendre leurs responsabilités face à cette situation. Dans une interpellation parlementaire, la Conseillère nationale Lisa Mazzone, membre des Verts, a d’ailleurs demandé au conseil fédéral de se positionner sur les agissements de Syngenta.

UNE MULTINATIONALE DÉJÀ CRITIQUÉE

Responsable de ces faits, le groupe suisse Syngenta s’est déjà illustré par le passé dans d’autres affaires toutes aussi critiquées. Le géant de l’agro-alimentaire est par exemple à l’origine de la mise sur le marché du Cruiser, un pesticide accusé de décimer les colonies d’abeille et qui a été interdit en France.

Autre « fait d’armes » de la multinationale, l’affaire dite des « semences avariées ». En 2002, Syngenta est accusé d’avoir fourni à un agriculteur de grandes quantités de semences enrobées de pesticides dangereux. Or, le groupe dissous sa filiale concernée par l’affaire et échappe ainsi au procès.

Le communiqué de Public Eye souligne aussi que Syngenta fusionnera dans les mois à venir avec ChemChina. Une fusion intervenant peu de temps après celle entre Bayer et Monsanto et qui selon l’association, « renforcera encore la concentration sur le marché des pesticides et le pouvoir d’influence des grands groupes ». De quoi s’inquiéter encore un peu plus du lobbying de ces géants industriels sur les politiques menées en matière d’agriculture et donc sur l’avenir de l’utilisation de ces pesticides dangereux.

Syngenta est aussi responsable du Cruiser, un pesticide accusé de tuer les abeilles

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