© Cambridge Archaeological Unit

Vers le milieu du 14e siècle, la peste noire a ravagé l’Europe, décimant entre 40 et 60 % de la population. Étant donné la manière dont se propageait la maladie, les victimes qui y ont succombé ont été enterrées dans des fosses communes, sans soins funéraires. Mais il semblerait finalement que cela ne soit pas toujours le cas. Selon une nouvelle étude, certaines victimes ont eu droit à de véritables funérailles.

Un soupçon qui a été difficile à prouver jusqu’à présent

La peste noire, un épisode historique causé par la pandémie de peste bubonique, a dévasté l’Europe au milieu du 14e siècle. La pandémie avait alors tué entre 40 et 60 % de la population, et la peste a continué à faire de nombreuses victimes pendant plusieurs siècles à cause de la résurgence de la maladie. Si cette maladie a fait autant de victimes, c’est parce qu’il n’y avait à l’époque aucun remède pour la soigner et parce qu’elle tuait très rapidement. En fait, la peste tue si rapidement qu’elle ne laisse aucune trace visible sur le squelette. C’est également à cause de cela que les archéologues ont été incapables d’identifier les personnes décédées de la peste, à moins qu’elles n’aient été enterrées dans des fosses communes.

C’est ainsi qu’il a été historiquement conclu que les victimes de la peste étaient généralement enterrées dans des fosses communes, bien que la communauté scientifique ait eu de nombreux doutes sur ce sujet. Mais d’après une étude réalisée par les chercheurs de l’université de Cambridge, ce n’était pas toujours le cas, et certaines victimes ont été enterrées dans des tombes individuelles. L’étude publiée dans la revue European Journal of Archaeology indique même que ces victimes ont eu droit à des soins funéraires particuliers. Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion dans le cadre du projet After the Plague. Ils ont notamment étudié l’ADN des dents d’individus décédés au cours de la peste noire, et ils ont pu identifier la présence de Yersinia pestis, l’agent pathogène responsable de la peste.

Ces individus étaient des personnes qui ont reçu des inhumations individuelles normales dans un cimetière paroissial et un couvent à Cambridge et dans le village voisin de Clopton. « Ces sépultures individuelles montrent que même pendant les épidémies de peste, des personnes étaient enterrées individuellement avec beaucoup de soin et d’attention. Cela est particulièrement visible au couvent où au moins trois de ces personnes ont été enterrées dans une salle capitulaire », a expliqué Craig Cessford, auteur principal de l’étude, dans un communiqué.

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Un nouvel angle de vue sur les évènements à l’époque de la peste noire

Quoi qu’il en soit, l’étude a également révélé que certaines victimes de la peste à Cambridge avaient effectivement été enterrées en masse. Le pathogène à l’origine de la peste a en effet été identifié chez plusieurs paroissiens qui ont été enterrés ensemble dans une grande tranchée. Même s’ils ont été enterrés dans une fosse commune, les chercheurs ont trouvé des preuves qui indiquent qu’ils ont été traités avec respect et ont reçu une attention individuelle, a rapporté Live Science. Si la disposition des corps montrait en effet qu’ils avaient tous été enterrés en quelques jours, ils n’avaient pas été jetés sans cérémonie dans une fosse commune. En fait, les victimes – dont plus de la moitié étaient des enfants – ont été enveloppées et soigneusement posées côte à côte.

Les chercheurs ont expliqué que le choix des enterrements dans des fosses communes n’était pas lié à la peur de la maladie, mais plus à l’incapacité de préparer individuellement chaque enterrement, tant il y avait de décès en si peu de temps. « Cela améliore considérablement notre compréhension de la peste et montre que même dans les moments incroyablement traumatisants des pandémies passées, les gens ont essayé très fort d’enterrer le défunt avec autant de soin que possible », a ainsi déclaré Cessford. Il a également noté que ces découvertes contrastent avec la description historique apocalyptique de ce qui s’est passé à Cambridge et ses alentours à l’époque de la peste noire.

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