Pour les mélomanes comme pour les citadins, la menace d’une perte auditive due aux bruits forts est un danger bien réel. Cependant, le mécanisme exact à l’origine de ces dommages reste entouré de mystère, entravant les efforts de prévention. Aujourd’hui, une étude sur les souris a finalement déchiffré le code, révélant un coupable surprenant : le zinc.
Le mécanisme de la perte auditive
La perte auditive induite par le bruit est une forme répandue, mais évitable de déficience auditive neurosensorielle causée par une exposition prolongée à des niveaux de bruit excessifs. L’exposition continue à des bruits forts – qu’ils proviennent de machines industrielles, de chantiers de construction ou d’activités récréatives comme des concerts ou l’écoute de musique à volume élevé avec des écouteurs – peut endommager les cellules ciliées délicates de la cochlée de l’oreille interne.
Ces cellules ciliées jouent un rôle crucial dans la traduction des vibrations sonores en signaux électriques que le cerveau interprète comme étant du son. Lorsqu’elles sont soumises à un bruit intense, ces cellules peuvent devenir surstimulées et finir par mourir, entraînant une perte auditive permanente. En revanche, si ce mécanisme est bien connu des scientifiques, ces derniers ne savent pas exactement pourquoi le bruit fort endommage les cellules des oreilles de cette manière.
Vers de nouveaux traitements pour la perte auditive
Une nouvelle étude réalisée par les chercheurs de l’université de Pittsburgh, en Pennsylvanie, a apporté une réponse à cette énigme. D’après les résultats de l’étude publiée dans la revue PNAS, le problème serait notamment lié à un excès de zinc dans les oreilles. Il faut savoir que le zinc est un nutriment essentiel aux êtres vivants, notamment pour le bon fonctionnement du système immunitaire, du métabolisme, ainsi que des sens du goût et de l’odorat. Environ 90 % du zinc présent dans le corps humain est lié aux protéines afin de les aider à conserver leur structure et leur fonction.
Les 10 % restants sont considérés comme du « zinc libre ». Ils ne sont pas liés aux protéines et sont stockés dans de minuscules vésicules à l’intérieur des cellules. Le problème étant qu’une dérégulation du zinc peut causer des problèmes au niveau cellulaire. En réalisant des expériences sur des souris, les chercheurs ont constaté que l’exposition à un bruit fort provoque une forte libération de zinc dans l’espace extra et intracellulaire au niveau des oreilles. Cela entraîne des dommages cellulaires et perturbe la communication normale de cellule à cellule.
Cette découverte a ouvert la porte à diverses possibilités pour résoudre le problème de perte auditive induite par le bruit. Pour tester l’une de ces solutions, les chercheurs ont administré aux souris un composé à libération lente qui a piégé l’excès de zinc libre dans leurs oreilles. Il a été constaté que les souris traitées avec ce composé étaient moins sujettes à la perte auditive et étaient protégées des dommages induits par le bruit. La réduction des niveaux de zinc chez les animaux a même permis, dans une certaine mesure, de rétablir la perte auditive. Bien sûr, beaucoup de recherches doivent encore être effectuées sur ce sujet, mais les chercheurs sont sur la bonne voie dans l’identification de traitements pour guérir et prévenir la perte auditive. Par ailleurs, la véritable cause des acouphènes aurait enfin été identifiée.