patagomaia-chainko
— © Chimento, N. R.; Agnolín, F. L.; García-Marsà / Wikimedia Commons

La récente découverte d’un mammifère du Crétacé, Patagomaia chainko, dans le sud de la Patagonie, vient bouleverser notre compréhension de la faune de cette époque lointaine. Jusqu’à présent, l’image dominante de l’ère du Crétacé était celle d’un monde où les dinosaures atteignaient des dimensions colossales, tandis que les mammifères se faisaient discrets par leur petite taille. Cependant, cette découverte, publiée dans Nature Scientific Reports, met en évidence l’existence de mammifères beaucoup plus grands que ce que l’on pensait pour cette période.

Un nouveau géant préhistorique

La découverte de Patagomaia chainko, dont le nom évoque son origine patagonienne et sa taille impressionnante, remet en question la croyance longtemps tenue que tous les mammifères de cette ère étaient de petite taille. La nouvelle espèce n’est que partiellement représentée par des morceaux de son bassin et de son membre postérieur. Toutefois, ces informations sont suffisantes pour permettre aux scientifiques de faire des estimations éclairées sur la taille et l’apparence générale probable de l’animal. 

Selon les chercheurs, à l’aide de régressions déjà utilisées pour d’autres mammifères fossiles, des estimations de la masse corporelle de Patagomaia ont été réalisées en prenant des mesures sur les restes postcrâniens. Les comparaisons avec les mammifères modernes indiquent que Patagomaia était plus grand qu’un renard roux mais plus petit qu’un coyote, avec une estimation de poids pouvant atteindre 26 kg. 

Ce poids représente le potentiel maximal de l’espèce, tandis qu’une estimation plus prudente pour le spécimen type suggère un poids moyen d’environ 14 kg. Ces tailles sont extraordinaires, surtout lorsqu’on les compare aux mammifères contemporains de l’hémisphère nord, dont la majorité pesait moins de 100 grammes et 99 % ne dépassaient pas 1 kg. Même par rapport aux plus grands mammifères connus de cette époque, comme Repenomamus et Vintana, Patagomaia dépasse largement en taille.

La morphologie de Patagomaia chainko

Le fémur, le tibia, les hanches et les cavités des hanches du spécimen ont fourni aux chercheurs quelques indices sur la forme possible de l’animal. Bien qu’il partage certaines similitudes avec des mammifères comme le blaireau et le porc-épic, il ne montre pas de traits communs avec des monotrèmes tels que l’ornithorynque. 

Cette découverte suggère que Patagomaia appartient au groupe des mammifères thériens, se distinguant par une variété de caractéristiques qui sont presque toujours présentes chez les autres membres connus de la classe et presque jamais absentes chez eux. Mais au-delà de sa taille, la créature est extrêmement inhabituelle dans son ensemble, en particulier pour son époque.

Un nouveau regard sur l’évolution des mammifères

Bien que Patagomaia révèle des affinités thériennes, il montre des différences significatives avec d’autres mammifères thériens du Paléogène sud-américain. Il ne présente aucun trait morphologique permettant de l’associer à l’un des clades de mammifères communément rencontrés dans les strates du Crétacé et du début du Paléogène en Amérique du Sud.

En outre, cette découverte révèle une diversité taxonomique inattendue parmi les mammifères du Crétacé supérieur en Amérique du Sud, incluant non seulement des gondwanathériens, des dryolestoïdes et des monotrèmes, mais aussi des thériens précoces. Patagomaia montre que l’histoire évolutive des mammifères de cette période était plus riche et complexe qu’on ne le pensait, avec l’existence de spécimens de grande taille qui défient les modèles établis. 

Par ailleurs, un fossile révèle les derniers instants du combat épique entre un dinosaure et un mammifère.

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