ophiure
— John A. Anderson / Shutterstock.com

Dans les profondeurs mystérieuses des océans, où la vie prend des formes aussi diverses qu’extraordinaires, les ophiures sans cerveau ont surpris la communauté scientifique. Ces organismes ont démontré une étonnante capacité d’apprentissage, malgré l’absence d’un cerveau centralisé. Cette découverte, publiée dans la revue Behavioral Ecology and Sociobiology, révolutionne la compréhension des mécanismes d’apprentissage dans le règne animal, en particulier chez les espèces dépourvues de système nerveux central.

Anatomie et habitat des ophiures

Les ophiures sont des créatures qui se distinguent par leur structure anatomique particulière. Contrairement à d’autres êtres vivants, elles n’ont pas de tête ni de cerveau. Ces créatures, apparentées aux étoiles de mer, ont des cordons nerveux qui s’étendent le long de chacun de leurs cinq bras. Elles vivent majoritairement enfouies sous le sable ou cachées dans des crevasses au fond de l’océan, menant une existence discrète et peu connue jusqu’à présent.

Cette particularité anatomique soulève des questions intrigantes sur la manière dont ces animaux perçoivent et interagissent avec leur environnement. Leur mode de vie, principalement passif et caché, pourrait suggérer une approche simpliste de l’existence. Cependant, la récente étude menée par des chercheurs de l’université Duke indique une complexité comportementale insoupçonnée chez ces créatures.

Aptitude à l’apprentissage

Julia Notar, doctorante en biologie à l’université Duke, a dirigé une équipe de chercheurs pour mener une expérience destinée à comprendre le comportement des ophiures. Leur étude a impliqué l’observation de 16 ophiures noires, dont les mouvements ont été enregistrés par des caméras. Les chercheurs ont conçu une expérience où, pour un groupe d’ophiures, la lumière de leur aquarium était réduite pendant qu’elles se nourrissaient de crevettes. Pour l’autre groupe, la réduction de l’éclairage était aléatoire, sans corrélation avec le moment de l’alimentation.

Les résultats ont été surprenants. Les ophiures qui ont expérimenté une réduction de lumière pendant leur repas ont commencé à associer l’obscurité à la nourriture. Même après une pause de 13 jours sans conditionnement, ces créatures continuaient d’attendre de la nourriture dans des conditions d’obscurité. Cela démontre une forme de conditionnement classique, une technique d’apprentissage où un organisme apprend à associer deux stimuli.

Ce phénomène est remarquable, étant donné que ces créatures ne disposent pas d’un cerveau centralisé pour traiter de telles informations. Comme le souligne Julia Notar, chaque cordon nerveux fonctionne de manière autonome, à la manière d’un comité plutôt que d’un chef unique. 

Poursuite de la recherche sur les ophiures

Cette découverte a des implications importantes pour notre compréhension de l’apprentissage chez les animaux marins, en particulier ceux qui n’ont pas de cerveau. Elle ouvre un nouveau champ de recherche sur les capacités cognitives de ces créatures. Selon Mme Notar, les ophiures ne sont pas simplement des « robots charognards », mais des organismes capables d’anticiper des événements tels que l’apparition de nourriture ou la présence de prédateurs.  

La recherche s’inscrit dans le cadre du conditionnement classique, un type d’apprentissage où deux stimuli sont associés. Bien que cette méthode ait été explorée chez d’autres étoiles de mer, elle n’avait pas encore été confirmée chez les ophiures. Les chercheurs espèrent maintenant approfondir leur compréhension des modalités d’apprentissage de ces créatures, bien que, comme l’admet Mme Notar, les mécanismes exacts restent encore à élucider. Par ailleurs, les méduses, pourtant dépourvues de cerveau, démontrent des capacités cognitives insoupçonnées.

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