L’obésité, la dénutrition et le changement climatique sont trois problèmes majeures qui ne devraient plus être considérés séparément. Un groupe d’experts international rappelle dans un texte engagé que notre système alimentaire est responsable des pandémies d’obésité et de dénutrition, mais qu’il génère également 25 % à 30 % des émissions de gaz à effet de serre ! Face à l’urgence de la situation, les chercheurs préconisent des solutions politiques drastiques, indispensables pour sauver notre planète et préserver notre santé.
OBÉSITÉ, DÉNUTRITION ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
La malnutrition, qu’il s’agisse d’obésité ou de dénutrition, est la principale cause de mauvaise santé dans le monde. A tel point que les scientifiques considèrent qu’il s’agit d’une épidémie mondiale ! Malheureusement, ce problème est difficile à enrayer avec le changement climatique, également considéré comme une épidémie mondiale, qui aggrave la malnutrition.
Après avoir proposé un rapport concentré sur le lien entre alimentation et environnement qui préconisait de diviser par deux la consommation mondiale de viande rouge et de sucre, et de doubler celle de fruits, légumes et noix, les 43 experts venus de 14 pays proposent un nouveau texte engagé dans les colonnes de la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet.
Selon eux, considérer les épidémies d’obésité, de dénutrition et de changement climatique séparément est une erreur. Les auteurs du rapport s’insurgent même : « La lenteur des réponses politiques est inacceptable ! » Ils précisent que nous sommes actuellement confrontés à une synergie d’épidémies, puisque obésité, dénutrition et changement climatique sont trois phénomènes qui interagissent ensemble.
En effet, notre « système alimentaire est non seulement responsable des pandémies d’obésité et de dénutrition, mais génère aussi 25 à 30 % des émissions de gaz à effet de serre », notamment l’élevage de bétails. Et la malnutrition risque d’être aggravée par le changement climatique, notamment par les sécheresses qui feraient grimper les prix des fruits et légumes, poussant à la consommation d’aliments industriels.
POLITIQUES DE SANTÉ PUBLIQUE, BUDGÉTAIRES ET FISCALES
Le professeur Corinna Hawkes, l’une des auteurs du rapport insiste : « Il faut prendre conscience de ces connexions ! » Les chercheurs ont imaginé une réponse assez drastique, mais nécessaire face à l’urgence de la situation. En effet, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) dénombre 1.9 milliard d’adultes en surpoids dans le monde, dont 650 millions de personnes obèses. A l’inverse, 462 millions d’adultes souffrent de maigreur.
Pour ces experts, les multinationales de l’alimentaire doivent être traitées de la même façon que les industriels du tabac. Selon le professeur William H. Dietz, « les points communs sont les dégâts qu’elles provoquent et le comportement des entreprises qui en tirent profit ». Bien sûr, il ajoute toutefois que « la nourriture est évidemment différente du tabac, puisqu’elle est indispensable à la vie, mais ce n’est pas le cas des aliments mauvais pour la santé ».
Les chercheurs invitent donc à la création d’une « Convention-cadre sur les systèmes alimentaires », identique à la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLA), un texte adopté par l’OMS en 2003 qui vise à réduire la consommation de tabac dans le monde et à lutter contre le lobbying de cette industrie, notamment pour limiter son influence sur les politiques publiques.
Pour appuyer cette idée et en guise d’exemple, le rapport rappelle qu’en 2016-2017, « le secteur des boissons sucrées aux États-Unis a dépensé 50 millions de dollars en lobbying pour contrer des mesures destinées à diminuer la consommation de soda ».
Enfin, les auteurs de ce nouveau document proposent également une série de mesures, comme des recommandations en faveur de régimes sains ou encore la promotion de l’activité physique. Mais aussi un meilleur financement des modes de production durables ou encore la mise en place de taxes pour faire baisser la consommation de viande rouge et favoriser les transports non motorisés.
Par Christelle Perret, le
Source: Sciences et Avenir
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