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Suite au tollé provoqué par la notation des A-Levels, l’équivalent du baccalauréat au Royaume-Uni, le gouvernement fait volte-face et décide de revoir la notation à la hausse. Le système d’évaluation avait provoqué de graves disparités sociales, plongeant nombre d’étudiants défavorisés dans l’angoisse.

Une notation inégalitaire

Comme dans tous les pays du monde, le Covid-19 a bouleversé les traditionnels examens britanniques. Ainsi, les A-Levels (équivalent du baccalauréat) et GCSE (équivalent du brevet), n’ont pas eu lieu. Pour déterminer quels étaient les étudiants qui avaient le droit d’entrer dans l’enseignement supérieur, les autorités se sont basées sur l’appréciation des professeurs, et ensuite corrigés par l’Ofqual, un organisme indépendant, qui lui se basait sur des critères statistiques.

Parmi ces critères statistiques, l’Ofqual s’est basé, notamment, sur la performance passée des établissements d’enseignement secondaire. Résultat des courses, près de 40 % des notes des professeurs ont été réévaluées à la baisse. Cela a provoqué une diminution des notes de nombreux bons élèves d’établissements mal cotés, remettant en question leur possibilité d’accès à l’enseignement supérieur. Des aberrations avaient été ressenties : ainsi, comme le relève le Daily Telegraph : « L’algorithme semblait fondamentalement défectueux […]. Des jumeaux qui fréquentaient la même école et qui avaient toujours eu plus ou moins les mêmes notes devaient obtenir trois A [les élèves sont évalués dans trois matières au minimum], selon les prévisions de leurs professeurs. Pourtant, le premier a eu deux A et un B, tandis que l’autre a été gratifié de trois D. Il existe des milliers d’histoires du même genre et beaucoup d’entre elles concernent de très bons élèves dans des établissements peu cotés. Ces résultats sont l’antithèse même de la relance de l’ascenseur social qui est censée être une priorité du gouvernement. »

Le gouvernement fait volte-face suite aux pressions

Cette situation a provoqué un tollé, aussi bien chez les étudiants recalés que dans les rangs de l’opposition et même de la majorité. Ainsi, le député conservateur Robert Syms a raconté que les notes de son fils avaient été revues à la baisse : « Il est contrarié, mais dans notre cas, il peut repasser les examens, et s’il doit faire une année sabbatique, […] je peux le soutenir », ajoutant toutefois qu’« il y a beaucoup de gamins défavorisés qui sont mis dans une position difficile ». Le ministre de l’Éducation, Gavin Williamson, a pendant longtemps défendu ce système. Toutefois, face à la contestation, ils ont décidé de suivre le modèle de l’Écosse (au Royaume-Uni, chaque nation constitutive est compétente en matière d’instruction), qui avait décidé, face à une situation semblable, de se baser uniquement sur les appréciations des professeurs.

Le gouvernement avait même été menacé de poursuites judiciaires s’il ne changeait pas son système de notation. Comme l’affirme Jolyon Maugham, avocat britannique dirigeant The Good Law Project, une organisation à but non lucratif qui avait pour souhait d’intenter une action en justice contre le gouvernement, ces résultats n’étaient « pas la conséquence de leurs actions mais l’application irréfléchie et imprudente d’un algorithme conçu pour se prémunir contre l’inflation des notes ».

Le gouvernement a donc décidé d’entendre les revendications. En Irlande du Nord, les autorités ont déjà annoncé que les résultats du GCSE seraient basés uniquement sur les appréciations des professeurs, afin de prévenir tout risque de polémique. En France, 91,5 % des lycéens ont obtenu leur bac, un chiffre record, ce qui fait craindre l’enseignement supérieur sur la façon dont ils pourront gérer l’arrivée massive de ces nouveaux bacheliers.

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