Les secrets enfouis dans les profondeurs glacées de l’Arctique continuent de fasciner la science. L’une des récentes découvertes, aussi intrigante qu’improbable, est celle des narlugas. Ces créatures, hybrides de narvals et de bélugas, ouvrent un nouveau chapitre dans la compréhension de l’évolution marine et de l’hybridation des espèces. Bien que jamais observés vivants, les narlugas sont venus à l’attention du monde scientifique grâce aux chasseurs inuits et à la puissance de la génétique.
Histoire de la découverte
Les premiers indices de l’existence des narlugas sont apparus grâce aux chasseurs inuits dans l’Arctique. En 1990, un crâne mystérieux a été découvert sur le toit d’un abri à outils à Disko Bay, au Groenland. Bien que l’animal fut depuis longtemps capturé, son apparence a été soigneusement notée : un mélange captivant de traits, avec la couleur grise d’un narval mais les nageoires distinctives d’un béluga.
Pendant près de trois décennies, le crâne a fait l’objet de nombreuses spéculations. Il a fallu attendre 2019 pour que la vérité soit révélée. Une équipe de chercheurs du Musée d’histoire naturelle du Danemark a analysé l’ADN du spécimen et confirmé que le crâne appartenait bien à un hybride.
L’analyse génétique a montré une répartition de 54 % de béluga et 46 % de narval, mettant fin aux conjectures et donnant lieu à des discussions animées dans la communauté scientifique. La mère de l’hybride était un narval et son père un béluga, d’après son génome mitochondrial, une petite partie de l’ADN global qui est exclusivement transmise de la mère à la progéniture.
Qui sont les narvals et les bélugas ?
Pour comprendre le phénomène des narlugas, il est crucial de connaître les espèces parentes. Les narvals et les bélugas sont les deux seuls membres vivants de la famille Monodontidae, séparés par une divergence évolutionnaire qui remonte à environ 5,5 millions d’années. Malgré leurs similitudes, les deux espèces ne sont pas susceptibles d’être confondues.
Les narvals sont surtout connus pour leurs longues défenses, ressemblant à une corne de licorne, qui ne sont en fait que des dents extrêmement allongées. Ils sont de couleur gris tacheté. Les bélugas, en revanche, sont célèbres pour leur couleur blanche immaculée et leur front bombé en forme de melon.
Alors que les narvals vivent uniquement dans l’Arctique atlantique, les bélugas vivent dans les eaux subarctiques du nord de l’Atlantique et du Pacifique. Cependant, ils partagent certaines zones pendant leurs migrations hivernales. C’est notamment le cas dans la baie de Baffin, où les territoires des deux espèces se chevauchent. Dans ce contexte de proximité géographique, des interactions ont été notées, y compris un cas où un jeune narval avait été adopté par un groupe de bélugas.
Les mystères de l’hybridation
Les modalités spécifiques de l’accouplement entre narvals et bélugas demeurent enveloppées de mystère. Les narvals sont particulièrement timides et difficiles à étudier, surtout pendant la saison de reproduction au printemps, qui coïncide avec la rupture de la glace de mer. Le chevauchement territorial des deux espèces a lieu pendant les mois d’hiver, posant des questions sur les circonstances qui ont conduit à l’hybridation.
L’hybridation entre différentes espèces de cétacés est rare, mais elle n’est pas sans précédent. Des hybrides appelés « wholphins » ont été identifiés, nés de l’union entre des grands dauphins et des fausses orques. Cependant, le cas des narlugas soulève des questions plus larges sur les mécanismes de l’hybridation, les défis environnementaux et les opportunités évolutives pour ces espèces marines fascinantes.
L’existence confirmée des narlugas ouvre une fenêtre sur les interactions complexes et les potentialités évolutives au sein du règne marin. Il reste encore beaucoup à découvrir sur ces créatures énigmatiques, mais une chose est claire : elles représentent une étape importante dans la quête pour comprendre la biodiversité dans l’un des environnements les plus inhospitaliers de la planète. Pour aller plus loin, voici 6 animaux hybrides qui existent bel et bien.