
Dans une affaire qui mêle tragédie familiale, dérive psychologique et obsession mystique, Alexander Valdez, 23 ans, a été arrêté au Texas après avoir tué sa propre mère lors d’un exorcisme. Les faits se sont déroulés à Fort Worth, où les autorités ont été alertées dans la nuit de vendredi à samedi par des internautes ayant vu des vidéos inquiétantes sur Snapchat.
Lorsque la police est arrivée sur place peu après minuit, Valdez s’est présenté calmement, le corps couvert de sang, tenant une bible à la main. D’un ton détaché, il a expliqué aux agents : « C’était un exorcisme », avant de déclarer, dans un apparent paradoxe, qu’il pratiquait « de la sorcellerie pour tuer sa mère ». À la question des policiers sur la présence d’autres personnes dans la maison, il a simplement répondu : « Il y a un cadavre à l’intérieur. C’est ma mère. »
En fouillant la maison, les forces de l’ordre ont effectivement découvert le corps sans vie de Teresita Sayson, 58 ans, ainsi que celui du chien de la famille. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme aurait tenté de procéder à un exorcisme qu’il aurait documenté et partagé sur les réseaux sociaux. Pour les enquêteurs, cette affaire illustre une situation dramatique où des problèmes de santé mentale non traités ont abouti à un acte de violence extrême. Tracy Carter, porte-parole de la police de Fort Worth, a salué la réactivité des utilisateurs de Snapchat ayant signalé les vidéos, ce qui a permis une intervention rapide : « Dieu merci pour les gens qui ont vu ce rituel satanique et ont alerté les autorités. »
Le cas d’Alexander Valdez met une fois de plus en lumière les lacunes flagrantes du système de santé mentale aux États-Unis. Trop de personnes en détresse psychologique ne reçoivent pas les soins adéquats. Dans ce contexte de vulnérabilité, certains se tournent vers des pratiques ésotériques, renforcées par les discours extrêmes circulant en ligne. La tragédie de Fort Worth s’inscrit dans une tendance plus large aux États-Unis, notamment la montée des croyances occultes, de la sorcellerie et de l’exorcisme. Le chercheur Boris Gershman, spécialiste des comportements sociaux, souligne que ces croyances se renforcent dans des contextes d’instabilité sociale, de peur généralisée et de désenchantement collectif. Pour beaucoup, le chaos du monde moderne semble appeler une forme de purification mystique.
Mais cette recrudescence de l’irrationnel n’est pas spontanée, elle est souvent alimentée par des figures publiques aux motivations douteuses, qui exploitent ces peurs pour gagner en visibilité et en profit. Sur les réseaux sociaux, certains prédicateurs et pseudo-gourous ont bâti de véritables empires autour de l’idée d’une guerre spirituelle entre le bien et le mal. L’un des plus célèbres d’entre eux est Greg Locke, un pasteur du Tennessee qui se présente comme un « chasseur de démons ». Il organise régulièrement des sessions d’exorcisme filmées et diffusées en direct, accompagnées d’un arsenal de médias tels que des caméras, des drones, des équipes de production, des séminaires, des podcasts, et même une maison d’édition dédiée aux récits de miracles.
Journaliste pour Harper’s Magazine, Sam Kestenbaum a enquêté sur cette figure controversée. Il révèle que Locke combine sa croisade spirituelle avec des discours conspirationnistes portant sur le scepticisme à l’égard des vaccins, des accusations démoniaques à l’encontre de personnalités politiques et la dénonciation de la légitimité des élections présidentielles de 2020. Pour Locke, ces « sujets controversés génèrent du trafic », comme il l’admet lui-même.
Kestenbaum résume bien ce climat étrange dans lequel baigne une partie des États-Unis : « Qui nierait que ce pays, accablé par les paniques sataniques, les fusillades scolaires, les villes désertées et les angoisses numériques, semble avoir besoin d’un grand nettoyage spirituel ? » Ce besoin de purification, de sens, d’ordre face au chaos est précisément ce qui pousse certains individus à sombrer dans les illusions dangereuses du mysticisme radical.
Par ailleurs, vous serez terrifié en découvrant l’histoire vraie qui a inspiré le film L’Exorciste du Vatican.