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Le mystérieux manuscrit de Voynich pourrait cacher des secrets sexuels médiévaux

Vieux de 600 ans, ce manuscrit constitue l'un des plus grands mystères de la cryptologie

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— © Beinecke Rare Book & Manuscript Library, Yale University / Wikimedia Commons

Depuis des siècles, le manuscrit de Voynich a fasciné les historiens et le grand public avec ses mystères non résolus. Datant de la fin du Moyen Âge, ce document est rempli d’illustrations complexes, allant des étoiles aux plantes en passant par des représentations de femmes nues, le tout accompagné d’un texte codé attribué à cinq scribes différents. Dans un article publié dans Social History of Medicine, Keagan Brewer, de l’université Macquarie, et sa collègue Michelle L. Lewis explorent l’idée que le manuscrit pourrait révéler de profonds secrets sur la sexualité et la conception médiévale.

Les origines du manuscrit

Les recherches sur le manuscrit de Voynich ont permis de glaner quelques indices sur ses origines. Les analyses au carbone indiquent avec 95 % de certitude que les parchemins utilisés proviennent d’animaux morts et datent de 1404 à 1438. Cependant, le premier propriétaire confirmé était un associé de l’empereur Rodolphe II du Saint-Empire romain germanique, qui vécut de 1552 à 1612, laissant une période de plus d’un siècle de propriété inconnue.

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© Yale University Library

Certaines illustrations (un dessin de couronne, des symboles du zodiaque et un type de mur de château appelé merlon à queue d’hirondelle) permettent de déduire que le manuscrit a été créé dans les régions culturelles du nord de l’Italie ou du sud de la Germanie.

Des illustrations montrant des femmes nues tenant des objets à côté ou face à leurs organes génitaux peuvent être trouvées dans une zone. Ces dessins n’auraient pas leur place dans un document traitant uniquement d’astronomie ou d’herbologie.

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© Yale University Library

La sexologie médiévale

Pour comprendre le contenu énigmatique du manuscrit, les chercheurs ont plongé dans la sexologie et la gynécologie médiévales, souvent qualifiées de « secrets de femmes ». Les chercheurs se sont concentrés sur Johannes Hartlieb, un médecin bavarois qui a vécu approximativement entre 1410 et 1468, à proximité de la création du manuscrit de Voynich. Hartlieb a écrit sur l’astronomie, les dames, la flore, la magie et les bains. Il préconisait l’utilisation de « lettres secrètes » (un cryptogramme, un alphabet secret ou quelque chose de similaire) pour dissimuler des informations médicales, notamment sur la contraception et l’avortement, par crainte de leur propagation et de leurs conséquences morales.

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© Yale University Library

Il évitait d’aborder certains sujets dans ses écrits non cryptés. S’adressant à la noblesse masculine en bavarois familier (au lieu du latin académique), Hartlieb a déclaré que les femmes, de plus en plus alphabétisées, les travailleuses du sexe, les roturiers et les enfants ne devraient pas avoir accès à de telles connaissances. Des exemples de censure et d’autocensure dans les textes médicaux de l’époque soulignent la volonté de protéger ces connaissances des regards indiscrets.

Au cours de leur enquête, les chercheurs ont déchiffré plusieurs codes de cette époque (mais pas le manuscrit de Voynich). Le code le plus long, qui dissimulait une formule à usage gynécologique, y compris l’avortement, était un code de 21 lignes provenant du nord de l’Italie à la fin du Moyen Âge. Dans de nombreux cas, des lecteurs ont effacé ou supprimé le contenu d’ouvrages gynécologiques et/ou sexologiques, ou des auteurs se sont restreints eux-mêmes. Parfois, des pages ou des chapitres entiers ont été supprimés, mais le plus souvent, seuls quelques mots – généralement des termes génitaux ou des noms de plantes dans des recettes – ont été censurés.

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© Yale University Library

Interprétation des illustrations

Sous cet angle, les rosettes, l’illustration la plus grande et la plus complexe du manuscrit, représentent une compréhension de la conception et du sexe datant de la fin du Moyen Âge. Cette solution résout de nombreux conflits apparents dans le document tout en étant cohérente avec l’éthique patriarcale de l’époque. Elle permet également de reconnaître un certain nombre d’éléments de l’illustration.

À la fin du Moyen Âge, on pensait que l’utérus avait sept chambres et que le vagin avait deux ouvertures (l’une externe et l’autre interne). Les neuf cercles des rosettes les représentent, avec le cercle central symbolisant l’ouverture externe du vagin et les huit cercles externes dépeignant les chambres utérines.

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© Yale University Library

Les chercheurs de l’époque pensaient également que la fécondation nécessitait la présence de deux éléments, appelés « spermatozoïdes », un mâle et une femelle. Le bleu (femelle) et le jaune (mâle) les désignent. Les murs de la ville et les châteaux pourraient être un jeu de mots sur le mot allemand « schloss », qui pourrait signifier « serrure », « organes génitaux féminins », « château » ou « bassin féminin ». Les deux soleils en haut à gauche et en bas à droite illustrent probablement la théorie d’Aristote selon laquelle le soleil réchauffe naturellement l’embryon dans ses premières phases de développement.

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© Yale University Library

Bien que de nombreux aspects du manuscrit demeurent obscurs, cette approche offre une nouvelle perspective pour son interprétation. Les chercheurs espèrent que cette proposition stimulera de futures recherches pour décoder ce mystérieux texte. Par ailleurs, voici 5 textes anciens parmi les plus énigmatiques de l’histoire.

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© Yale University Library

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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