Dans de nombreuses communautés humaines, la culture, les traditions et les croyances sont des fondements qui font abstraction de dangers parfois très évidents, parfois plus subtils. Dans un cas comme dans l’autre, le danger est bien réel et est parfois mortel. C’est le cas du kuru, une maladie causée par le cannibalisme.
Une maladie effrayante
En ce qui concerne l’être humain, il existe une longue liste de maladies susceptibles de le tuer. Ces maladies peuvent être causées par des anomalies dans le corps et d’autres par des bactéries et des virus qui proviennent de l’extérieur. L’alimentation est l’une des sources les plus courantes de bactéries et de virus. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est souvent déconseillé de consommer de la viande crue, car la viande peut facilement contenir de dangereuses bactéries comme le colibacille, la salmonelle et la listeria.
Si manger de la viande crue provenant de différents animaux peut ainsi être très dangereux, manger de la viande humaine crue l’est plus encore. Le cannibalisme est une partie sombre de l’humanité que l’on ne peut ignorer. Si certains ont fini par le pratiquer parce qu’ils n’avaient pas d’autres choix, d’autres l’ont fait par plaisir, et d’autres encore pour suivre des coutumes ancestrales barbares. C’était notamment le cas du peuple Fore de Nouvelle-Guinée qui consommait le corps de ses défunts lors des rites mortuaires.
Selon les croyances de ce peuple, cela lui permettait de s’imprégner de la force physique et spirituelle des défunts. Si rien n’est moins sûr de ce côté, ce qui est certain, c’est que cette pratique est à l’origine du kuru, une maladie infectieuse rare qui affecte le système nerveux. Mais contrairement à la plupart des infections, le kuru n’était pas provoqué par une bactérie, un virus ou un champignon, mais par des prions, des protéines infectieuses. Ces prions s’attaquent notamment au cerveau, le ramollissant jusqu’à le rendre spongieux.
Une maladie infectieuse provoquée par des protéines
La maladie provoque des symptômes neurodégénératifs dont des tremblements, des problèmes de coordination, des difficultés à marcher et à se nourrir et de la démence. Le kuru est incurable et les personnes infectées finissent par tomber dans le coma, puis mourir 6 à 12 mois après le début des symptômes. Cette maladie a été citée pour la première fois dans des rapports officiels par des officiers australiens patrouillant dans les hauts plateaux de l’est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée au début des années 1950.
Le lien entre la maladie et les pratiques mortuaires du peuple Fore a été découvert grâce aux efforts du médecin américain Daniel Carleton Gajdusek. Dans ses recherches, il a notamment découvert que l’épidémie de kuru chez les Fore a probablement commencé lorsqu’un villageois a développé la maladie de Creutzfeldt-Jakob et est décédé. Lorsque les villageois ont mangé le cerveau, ils ont contracté la maladie et l’ont ensuite transmise à d’autres villageois. Lorsque cette pratique a cessé au début des années 1960, la maladie a pratiquement disparu. Quoi qu’il en soit, le kuru reste un sujet très intéressant pour les chercheurs qui font des études sur les maladies neurodégénératives.
Article très intéressant. Il y avait sur ARTE un excellent documentaire à ce sujet. Malheureusement plus sur le cite.