À Rome, une équipe de scientifiques suisses, italiens et allemands, ont dévoilé la toute première main bionique dotée du sens du toucher, et suffisamment allégée pour se porter en dehors du laboratoire. Une formidable prouesse technologique qui signe une avancée majeure pour la neuroprosthétique. 

 

Objectif miniaturisation

Les chercheurs européens à l’origine de ce coup d’éclat médical n’en sont pas à leur premier coup d’essai. Dès 2014, ils mettent au point une main bionique capable de faire ressentir à son utilisateur la sensation du toucher. Mais l’équipement technologique et les capteurs sensoriels auxquels était rattachée la prothèse étaient bien trop volumineux pour espérer pourvoir la tester hors labo.

Au terme de trois années de dur labeur, les ingénieurs, les neuroscientifiques, les spécialistes en robotique, les spécialistes en électronique et les chirurgiens sont parvenus à miniaturiser au maximum la technologie embarquée de la prothèse, au point de la faire tenir dans un sac à dos ! La prothèse peut désormais sortir de son unité de confinement et profiter à un patient accidenté, privé de sa main gauche. C’est sur Almerina Mascarello que s’est porté le choix de l’équipe.

La sensation retrouvée

« C’est presque comme si elle était revenue », a déclaré la receveuse de cette main tout droit sortie d’un film de S-F. Entièrement imprimée en 3D, la prothèse « voit et saisit » automatiquement les objets qui se dressent sur son chemin ; et grâce à ses nombreux capteurs sensitifs, elle est capable de déterminer si tel objet est plutôt dur ou plutôt mou. Pour s’en persuader, l’équipe fit passer un test à Almerina : les yeux bandés, elle devait discerner les objets solides des objets malléables; un sans-faute pour l’utilisatrice de cette main hors du commun.

« La sensation est spontanée, comme si c’était votre vraie main. Vous êtes enfin capable de faire des choses qui étaient une vraie corvée, comme s’habiller, mettre des chaussures… Des tâches banales mais essentielles. Vous vous sentez complet. »

Almerina Mascarello

Lorsque la prothèse rencontre un objet, ses capteurs sensitifs transmettent l’information sous formes de messages à l’ordinateur logé dans le sac à dos ; celui-ci convertira alors ces signaux en un langage que le cerveau sera en mesure de déchiffrer, et les enverra au cerveau d’Almerina par le biais de minuscules électrodes implantées dans toute la partie supérieure de son bras. C’est cette interface entre la machine et le corps humain qui représente une extraordinaire avancée pour la neuroprosthétique, la science des neuroprothèses.

Un futur tout en électronique

Un tour de force qui encourage les chercheurs à pousser plus avant leurs travaux comme le confirme le professeur Silvestro Micera, neuro-ingénieur à l’EPFL de Lausanne : « Nous nous rapprochons inexorablement des films de science-fiction, comme la main de Luke Skywalker dans Star Wars : une prothèse sensorielle entièrement contrôlable et entièrement naturelle qui serait identique à une main humaine. »

Le chemin à parcourir pour aboutir à une prothèse robotique plus perfectionnée que la main humaine est encore long… Mais l’équipe génitrice de la main bionique portative espère bien pouvoir un jour commercialiser une prothèse semblable à leur prototype unique au monde. Et le professeur Paolo Rossini de conclure : « Une fois que vous pouvez contrôler une prothèse robotique avec votre cerveau, vous pouvez imaginer en créer une autre qui permettrait des mouvements plus complexes qu’une main avec cinq doigts. »

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