Imaginez un rhinocéros incroyablement massif, recouvert de fourrure et doté d’une corne gigantesque. Si une telle créature semble tout droit sortie d’un univers de fantasy, il s’avère qu’elle foulait les prairies de Sibérie il y a plusieurs dizaines de milliers d’années.
Elasmotherium
Apparentée à ces incontournables mammifères africains, la licorne de Sibérie (Elasmotherium) mesurait environ 4,5 mètres de long pour un poids comparable à celui d’un éléphant d’Asie (3,5 tonnes). Aussi impressionnant soit son gabarit, elle se distinguait surtout par sa corne, probablement constituée de kératine et pouvant mesurer jusqu’à 2 mètres.
À ce jour, le plus remarquable témoignage de ce géant disparu se résume à un crâne complet conservé au Muséum d’histoire naturelle de Londres. Alors qu’il avait été supposé, sur la base de découvertes fossiles antérieures, que l’espèce avait disparu il y a entre 100 000 et 200 000 ans, la datation de ce spécimen remarquable a révélé qu’il avait moins de 40 000 ans.
Son examen minutieux a également permis d’établir que les Elasmotheriina s’étaient séparés des Rhinocerotidae dès l’Éocène.
Ultime représentant de cette « sous-tribu », Elasmotherium s’est vraisemblablement éteint il y a entre 39 000 et 35 000 ans, soit quelques milliers d’années seulement après les Néandertaliens.
Pression environnementale et humaine
On estime que son aire de répartition géographique restreinte, sa faible population et son rythme de reproduction lent l’auraient empêché de surmonter d’importants changements environnementaux, quand des espèces occupant une niche écologique similaire mais beaucoup moins massives ont réussi à s’y adapter.
Bien qu’il n’existe aucun témoignage clair de sa chasse par nos ancêtres (ossements ou œuvres rupestres), l’extinction d’Elasmotherium aurait également potentiellement été exacerbée par l’intensification de cette pratique, liée au remplacement de H. neanderthalensis par H. sapiens en Eurasie il y a entre 45 000 et 40 000 ans.