Néandertaliens
— Gorodenkoff / Shutterstock.com

L’analyse d’ossements préhistoriques a fourni la première preuve indiscutable de chasse active à l’éléphant par les Néandertaliens, bouleversant notre conception du mode de vie et de l’organisation sociale de ces anciens humains.

Chasse préhistorique

Créature préhistorique pouvant atteindre quatre mètres de haut pour un poids de près de 13 tonnes, l’éléphant à défenses droites (Palaeoloxodon antiquus) parcourait les paysages d’Europe et d’Asie occidentale il y a 800 000 à 100 000 ans. Au cours des dernières décennies, les restes de plus de 70 de ces pachydermes géants ont été mis au jour au sein d’une énorme fosse de lignite du site archéologique de Neumark-Nord.

Situé dans l’est de l’Allemagne, celui-ci est connu pour abriter des milliers d’artefacts attribués à Néandertal, les restes de centaines de grands mammifères ainsi que les plus anciennes preuves supposées de modification artificielle de l’environnement par une espèce humaine.

L’examen des fossiles a montré qu’il s’agissait presque exclusivement d’ossements d’individus mâles adultes. La mise en évidence de lésions claires et inhabituelles sur les os a permis aux experts de déduire que ceux-ci avaient très probablement été chassés par des dizaines de générations de Néandertaliens, sur une période de plus de deux millénaires. « Il s’agit de la première preuve évidente de chasse à l’éléphant dans l’évolution humaine », estime Wil Roebroeks, auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science Advances.

Fémur d’éléphant
Fémur d’éléphant à défenses droites — © Lutz Kindler / LEIZA

Le fait que les éléphants adultes mâles évoluent généralement à l’écart du troupeau aurait permis aux Néandertaliens de les approcher plus facilement, tandis que leur taille supérieure à celle des femelles aurait offert aux chasseurs humains les rendements les plus élevés pour un risque nettement moindre. Les chercheurs ont calculé qu’un spécimen de 10 tonnes aurait fourni au moins 2 500 portions quotidiennes de graisse et de viande, soit de quoi nourrir 350 personnes pendant une semaine, ou 100 personnes pendant un mois.

Des communautés néandertaliennes bien plus importantes que prévu

La chasse de ces bêtes massives, qui étaient probablement rabattues vers des fosses ou des zones boueuses et achevées à coups de lances en bois, ainsi que le traitement de leurs carcasses auraient exigé une coopération étroite. Ce qui suggère que les communautés néandertaliennes comprenaient bien plus de 25 individus, jusqu’alors considérés comme le nombre maximal pour un groupe local.

Selon Roebroeks, la complexité de la transformation des proies (impliquant un dépeçage important et le séchage des produits pour leur conservation) indique que les Néandertaliens disposaient vraisemblablement des ressources techniques, sociales et culturelles pour la transformation et le stockage des aliments à grande échelle.

« L’intensité et les rendements nutritionnels de ces activités de dépeçage bien documentées, combinés aux données précédemment recueillies à Neumark-Nord, suggèrent que les Néandertaliens étaient moins mobiles et opéraient au sein d’unités sociales beaucoup plus grandes que ce qui est généralement envisagé », concluent les auteurs de l’étude.

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