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Des fouilles au Soudan révèlent les « mensonges » de l’Empire romain

« Il ne faut pas s’attendre à ce que les comptes rendus officiels correspondent étroitement à la réalité »

Soudan Empire romain
Le Gebel Barkal — © LassiHU / CC-BY

Des fouilles menées dans le nord du Soudan indiquent une domination romaine dans cette partie du continent africain loin d’être aussi implacable que ne le suggéraient les sources historiques.

Pas de traces de destruction à Napata

Suite à la mort de Cléopâtre, en 30 avant notre ère, l’Égypte était incorporée à un Empire romain naissant. Les frontières méridionales de la nouvelle province étant régulièrement attaquées par le royaume de Koush, Auguste mobilisa des forces conséquentes afin de mettre un terme à ces incursions. Selon les écrits d’un certain Strabon, les Romains auraient pénétré profondément dans le territoire koushite et mis à feu et à sang l’importante cité de Napata, connue pour abriter un temple massif dédié au dieu Amon, en 23 avant notre ère.

Une version que de récentes fouilles remettent largement en question. Lors de l’étude de vestiges datant des deux derniers siècles avant notre ère, les archéologues n’ont identifié aucun indice révélateur de la destruction de Napata, tel que des armes éparpillées, ou des bâtiments pillés et incendiés.

Selon Tim Skuldbøl, du projet archéologique de Gebel Barkal, les raisons pour lesquelles la ville y a échappé restent floues. « La présence des forces romaines et koushites dans la région est attestée, mais je ne pense pas que Napata était farouchement gardée par ces dernières », explique le chercheur. « L’atteindre impliquant de traverser des centaines de kilomètres de désert, les Romains auraient probablement estimé que le jeu n’en valait pas la chandelle et prétendu l’avoir détruite. »

Un avis partagé par David Mattingly, de l’université de Leicester, qui estime que cette annonce visait probablement à satisfaire l’empereur et les hautes sphères romaines, à des milliers de kilomètres de là, ayant engagé d’importants moyens pour se débarasser de cette menace. « Il ne faut pas s’attendre à ce que les comptes rendus officiels correspondent étroitement à la réalité », souligne-t-il.

Un traité de paix très favorable aux Koushites

Il n’a pas fallu longtemps avant que les Koushites, menés par la reine Amanirenas, ne reviennent à la charge. Cette fois, les Romains ont préféré la voie diplomatique, en signant un traité de paix leur étant très favorable en 21 avant notre ère. « Ils ont obtenu tout ce qu’ils voulaient », précise Geoff Emberling, de l’université du Michigan.

Les archéologues espèrent en apprendre davantage au sujet de ce chapitre relativement méconnu de l’histoire romaine en déchiffrant entièrement l’une des plus longues inscriptions koushites connues, faisant référence à Amanirenas.

Le Soudan est également le pays comptant le plus de pyramides, loin devant l’Égypte.

Par Yann Contegat, le

Source: New Scientist

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