Des images satellite récemment capturées révèlent une transformation inhabituelle dans le paysage désertique du Sahara. Après qu’un cyclone extratropical a frappé le nord de l’Afrique début septembre, des lacs temporaires se sont formés dans certaines zones arides du désert, un phénomène rare et spectaculaire qui attire l’attention des scientifiques et du public.
Le 7 et le 8 septembre, un cyclone extratropical s’est abattu sur le nord de l’Afrique, provoquant des pluies torrentielles sur des régions du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye. En l’espace de quelques jours, ces zones désertiques ont reçu jusqu’à 20 centimètres de pluie, soit l’équivalent d’une année entière de précipitations. Ces précipitations inhabituelles ont donné naissance à des lacs éphémères dans le Sahara, qui est traditionnellement connu pour être le plus grand désert chaud de la planète.
L’impact de cette montée des eaux s’est particulièrement fait sentir dans l’erg Chebbi au Maroc, une région de dunes de sable étoilées située près de la frontière algérienne. Les rivières en provenance de l’Atlas, saturées par les précipitations, ont débordé et se sont déversées dans cette région désertique, formant plusieurs lacs temporaires autour de Merzouga. Un satellite Copernicus Sentinel-2 a capturé une image le 1er octobre montrant la présence de ces nouveaux lacs en bordure de l’erg Chebbi.
Le lac Sebkha el Melah, en Algérie, a également fait l’objet d’une attention particulière. Capturé par le satellite Landsat 9 de la NASA entre le 12 août et le 29 septembre, le site présente un lac de couleur verte qui a vu le jour au cœur du désert. Moshe Armon, maître de conférences à l’université hébraïque de Jérusalem, a calculé que le lac s’étendait sur 191 kilomètres carrés avec une profondeur moyenne de 2,2 mètres. Ces mesures, obtenues à partir d’images satellite et d’une carte 3D, révèlent la dimension significative de ce lac temporaire, qui transforme momentanément le paysage aride.
Ce n’est pas la première fois que des phénomènes climatiques exceptionnels remplissent Sebkha el Melah d’eau : en 2008, un autre cyclone avait entraîné la formation d’un lac temporaire. Cette fois-là, il avait fallu quatre ans pour que le lac s’assèche complètement, laissant penser que l’eau pourrait persister durant plusieurs mois, voire une année entière, si les précipitations restent limitées. Les chercheurs envisagent la possibilité d’une augmentation des précipitations dans certaines parties du Sahara, bien que ces prévisions restent incertaines. Moshe Armon espère que l’étude de ces inondations temporaires permettra de mieux comprendre les futures transformations climatiques du Sahara.
Par ailleurs, l’ISS nous offre de nouvelles photos du mystérieux « oeil du Sahara ».