Sous l’effet du réchauffement climatique, l’Antarctique connait actuellement d’importants changements, promettant de s’accélérer dans les années à venir. De récentes observations ont montré que le continent glacé venait d’échapper de peu à une collision avec un iceberg massif.
Un mastodonte de glace
S’étant détaché de la plateforme glaciaire antarctique de Brunt en février dernier, A-74 était resté proche de sa position d’origine au cours des mois suivants, en raison des courants océaniques dominants dans la région. Mais début août, de forts vents d’est ont entraîné la dérive et la rotation du mastodonte, qui a effleuré le bord de la barrière de glace l’ayant vu naître.
A-74 mesure 1 270 kilomètres carrés, ce qui en fait l’un des plus grands icebergs flottants au monde (le record est actuellement détenu par l’iceberg A-76 et ses 4 320 kilomètres carrés, qui s’était détaché plus tôt cette année). Selon l’Agence spatiale européenne (ESA), une collision brutale avec la pointe de la plateforme de Brunt, fragilisée par d’importantes fissures, aurait entraîné la libération d’un iceberg d’environ 1 700 kilomètres carrés.
« Cette partie, qui est encore plus grande que A-74, reste reliée à Brunt, mais de façon très précaire », explique le géophysicien Mark Drinkwater. « Nous continuons à suivre de près la situation à l’aide du satellite Sentinel. »
L’imagerie satellitaire se révèle indispensable pour comprendre ce qui se passe en Antarctique à grande échelle : les instruments radar intégrés sont capables de cartographier les régions les plus reculées, de jour comme de nuit, été comme hiver, et quelles que soient les conditions météorologiques.
Des changements rapides
Initialement située dans la partie de la plateforme de Brunt susceptible de se décrocher, la station de recherche Halley VI avait été déplacée d’une vingtaine de kilomètres en 2017. Cette dernière se compose de huit nacelles reliées entre elles et construites sur des skis, de façon à ce que l’ensemble de l’installation puisse être facilement déplacé si de nouvelles failles ou fissures venaient à se former.
Alors que le changement climatique se poursuit dans le monde entier, les scientifiques ont plus que jamais besoin d’un maximum d’informations afin d’identifier les parties de la calotte antarctique les plus susceptibles de se détacher, et de prévoir leur impact sur les écosystèmes.
À la fin de l’année dernière, un autre iceberg à la dérive, baptisé A68a, s’était dangereusement rapproché de l’île de Géorgie du Sud, dans le sud de l’océan Atlantique, où vivent des millions de manchots, d’otaries, d’albatros et de pétrels.
Par Yann Contegat, le
Source: Science Alert
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