— Harald Lang / Shutterstock.com

Mesurant environ 170 kilomètres de long pour 25 de large, le gigantesque bloc de glace s’étant détaché de la plateforme glaciaire de Ronne flotte désormais librement sur la mer de Weddell, large baie de l’Antarctique occidental.

Des décrochages attendus

Baptisé A-76, en référence au secteur de l’Antarctique où il avait détecté, cet iceberg de 4 320 kilomètres carrés dont la forme rappelle celle d’un doigt est désormais considéré comme le plus grand au monde. Initialement repérée par le British Antarctic Survey, l’énorme masse de glace a récemment pu être observée par les satellites du programme Copernicus, financé par l’Union européenne et l’Agence spatiale européenne.

La plateforme glaciaire de laquelle A-76 s’est détachée flottant déjà sur l’eau, un tel évènement n’aura pas d’impact direct sur la hausse du niveau des océans. Cependant, de telles structures contribuent à ralentir l’écoulement des glaciers et des flux de glace dans la mer, ce qui sous-entend que la perte d’un telle masse de glace participera indirectement à ce phénomène.

Bien que l’Antarctique, qui renferme suffisamment d’eau sous forme de glace pour faire monter le niveau des mers de 60 mètres, se réchauffe beaucoup plus rapidement que le reste de la planète, le chercheurs ne pensent pas que le changement climatique induit par l’Homme ait causé le vêlage d’A-76 ou de son prédécesseur, A-74.

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« A76 et A74 font tous deux simplement partie des cycles naturels de ces plateformes glaciaires, qui n’avaient pas vêlé quoi que ce soit de massif depuis des décennies », souligne Laura Gerrish, chercheuse du British Antarctic Survey. « Il est important de surveiller la fréquence de l’ensemble des vêlages d’icebergs, mais ceux-ci étaient attendus. »

Un suivi étroit

Les satellites continueront à suivre le nouvel iceberg, comme ils l’avaient fait pour A-68A, précédent détenteur du titre du plus grand iceberg au monde. S’étant détaché de la calotte glaciaire antarctique en 2017, celui-ci menaçait il y a encore quelques mois de percuter l’île de Géorgie du Sud, abritant des milliers de pingouins et de phoques, mais s’était finalement fractionné et évanoui dans les eaux de l’Atlantique sud en avril dernier.

Bien que la plateforme glaciaire de Ronne, qui a donné naissance au récent iceberg, soit généralement épargnée par les afflux d’eau chaude qui perturbent le cycle naturel de vêlage et de reconstitution de la glace en Antarctique, toutes les parties de l’Antarctique occidental n’ont pas cette chance. Le mois dernier, des chercheurs avaient révélé que le glacier Thwaites, ou « glacier de l’apocalypse », fondait plus rapidement que prévu, sous l’effet d’un courant d’eau chaude en provenance de l’est, rongeant les points d’ancrage le liant au continent.

Début mai, une étude menée par des chercheurs de l’université d’Harvard avait de son côté déterminé que la hausse du niveau de la mer due à la fonte de l’Antarctique pourrait être 30 % plus élevée que prévu.

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