— sirtravelalot / Shutterstock.com

De récentes modélisations informatiques ont déterminé qu’environ un tiers des plateformes glaciaires retenant les glaciers massifs de l’Antarctique risquaient de s’effondrer si des mesures drastiques n’étaient pas prises pour lutter contre le changement climatique.

Différents scénarios envisagés

Présentées dans la revue Geophysical Research Letters, ces nouvelles projections suggèrent qu’une hausse des températures mondiales de 4 °C par rapport aux niveaux préindustriels rendra 34 % des plateformes du continent antarctique vulnérables à l’hydrofracturation, lorsque l’eau de fonte s’infiltre dans des fissures en surface et provoque la rupture de larges étendues de glace. Toutefois, ce chiffre pourrait tomber à 18 % si la hausse des températures était limitée à 2 °C.

On estime que le monde se dirige actuellement vers une augmentation de 2,9 °C, mais si les plans climatiques et objectifs visant à atteindre la neutralité carbone étaient mis en œuvre, celle-ci se limiterait à 2,1 °C.

Pour cette étude, les chercheurs des universités de Reading et de Liège ont utilisé un modèle climatique possédant une résolution bien supérieure à ceux utilisés précédemment, avec des mailles de 35 kilomètres de côté seulement au lieu de plusieurs centaines de kilomètres. Ce dernier a également la particularité de représenter plus précisément la physique des nuages. Un aspect crucial étant donné que les estimations des zones menacées d’effondrement dépendent de la quantité de glace perdue remplacée grâce aux chutes de neige.

Fin février, un gigantesque iceberg de 1 270 kilomètres carrés s’était détaché de la calotte glaciaire antarctique — Stu Shaw / Shutterstock.com

Selon l’équipe, la principale différence entre les scénarios d’augmentation de 2 °C et 4 °C provient du fait que la fonte l’emporte sur l’impact des chutes de neige dans un monde plus chaud de 4 °C. Il s’est par ailleurs avéré que la plateforme glaciaire Larsen C, à l’est de la péninsule antarctique, où un énorme iceberg s’était détaché en 2017, est l’une des zones les plus menacées.

Les « barrières protectrices » de l’Antarctique menacées

« Cette étude montre que la fonte à la surface des plateformes de glace se propage vers le sud dans des parties du continent où d’énormes réservoirs de glace intérieure risquent de perdre leur barrière protectrice. Si cela se produit, nous pouvons nous attendre à une augmentation rapide de l’élévation du niveau de la mer le long de chaque littoral de notre planète », a commenté Andrew Shepherd, de l’université de Leeds.

Bien que cette nouvelle recherche ne donne pas de chiffres concernant l’augmentation du niveau de la mer dans le cas où les structures glaciaires s’effondreraient et libéreraient les glaciers dont elles dépendent, ses auteurs estiment que de tels phénomènes pourraient potentiellement contribuer à des dizaines de centimètres d’élévation. Éviter une hausse de 10 centimètres devrait exposer 10 millions de personnes de moins dans le monde aux risques d’inondations.

Pour Helene Seroussi, du Jet Propulsion Lab de la NASA, la principale avancée de l’étude réside dans l’utilisation d’un modèle à plus haute résolution. Alors que la recherche identifie les plateformes de glace susceptibles d’être hydrofracturées, une analyse plus approfondie de la façon dont les plateformes de glace se déplacent (ou « régime de stress dynamique ») est selon elle nécessaire pour déterminer celles qui s’effondreront réellement.

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