Au 18e siècle, le médecin Franz Anton Mesmer a développé la théorie du magnétisme animal et mis au point un étrange traitement connu sous le nom de mesmérisme. Si ses théories ont depuis été démystifiées et semblent aujourd’hui bien farfelues, certains lui attribuent le mérite d’avoir jeté les bases de l’hypnose moderne.

L’INVENTEUR DE L’HYPNOSE

Fils d’un garde forestier, Mesmer naît en 1734 à Iznang, en Allemagne. Après une enfance passée dans un monastère et des écoles jésuites, il s’inscrit à l’Université de Vienne, où il étudie le droit puis la médecine et obtient son diplôme avec mention.

Influencé par les théories d’Isaac Newton sur le rôle des corps célestes dans les marées océaniques, il publie en 1766 une thèse de doctorat intitulée « De l’influence des planètes sur le corps humain ».

Illustration représentant Mesmer en train de magnétiser l’une de ses patientes

LE « MAGNÉTISME ANIMAL »

Mais ce n’est que plusieurs années plus tard, après avoir fait la connaissance de l’astronome jésuite Maximilien Hell, qui utilisait des aimants pour traiter ses patients en « produisant des marées artificielles », que Mesmer commence à faire référence au magnétisme animal.

Selon cette théorie, le corps de l’ensemble des êtres vivants est parcouru par un flux magnétique (semblable à l’électricité) qui peut être partagé et même transmis aux objets. Pour Mesmer, la bonne santé est le signe d’un flux magnétique équilibré, et la maladie due à différents blocages entravant ce flux.

Franz Anton Mesmer (1734-1815)

L’homme utilise alors des aimants pour traiter ses patients, mais finit par abandonner l’idée après s’être rendu compte qu’un individu doté d’un magnétisme particulièrement fort pouvait obtenir les mêmes résultats en posant simplement ses main sur le corps des malades.

En 1768, Il épouse la riche veuve Maria Anna von Posch, consolidant ainsi sa place dans la haute société viennoise, ce qui lui permet d’établir son propre cabinet médical et l’amène à côtoyer certaines célébrités de l’époque, parmi lesquelles figurent Mozart et Joseph Haydn.

Si ses théories mesmériques rencontrent rapidement un franc succès, cela ne va malheureusement pas durer. En 1777, sa tentative ratée de guérir la célèbre pianiste aveugle Maria Theresia von Paradis lui cause de sérieux ennuis. Rapidement accusé d’avoir eu des gestes déplacés envers la musicienne, Mesmer est contraint de fuir l’Autriche pour échapper au scandale et trouve refuge à Paris en 1778.

À LA SUITE D’UNS SCANDALE RETENTISSANT, MESMER EST CONTRAINT DE FUIR L’AUTRICHE ET SE RÉFUGIE À PARIS EN 1778

La capitale française se révèle être un terrain particulièrement fertile pour les pratiques de Mesmer. Le scandale de Vienne ne semble aucunement nuire à sa crédibilité, et beaucoup de riches aristocrates ne tardent pas à requérir ses services (on parle alors de près de 200 clients par jour).

Gravure représentant un « baquet » au cabinet parisien de Mesmer

L’ÉTRANGE STRUCTURE CONSTRUITE PAR MESMER EST BAPTISÉE « BAQUET »

Face à cet afflux massif de clients, Mesmer use de sa supposée capacité à transférer le magnétisme animal à divers objets et construit une imposante structure qu’il baptise « baquet » : reliés entre eux par des cordes, les patients s’assoient autour d’une caisse en bois de chêne, dont le couvercle est percé de trous desquels sortent des tiges en métal pouvant être en contact avec différentes parties du corps des malades.

Le « salon de baquet » est une pièce richement décorée et faiblement éclairée, dans laquelle flotte une forte odeur d’encens. Pendant que ses clients se trouvent autour du baquet, Mesmer, dans un habit de soie, touche les « parties malades » de leur corps à l’aide d’une étrange baguette métallique.

Caricature dénonçant le charlatanisme des magnétiseurs

Les interventions du médecin provoquent régulièrement l’apparition de convulsions et de crises d’hystérie chez ses patients (qui se trouvent être majoritairement des femmes), ce qui nécessite leur transfert vers une « chambre de crise ». Mesmer disparaît alors pendant de longues minutes pour les « assister », ce qui ne tarde pas à éveiller certains soupçons.

Au fil des années, rumeurs et doutes commencent à circuler au sujet des étranges pratiques de Mesmer. En 1784, le roi Louis XVI, inquiet à l’idée que son épouse Marie-Antoinette fasse partie de la clientèle de Mesmer, met sur un pied une commission charger de vérifier l’efficacité de ses méthodes.

Les membres de la commission, parmi lesquels figurent le chimiste Antoine Lavoisier et le diplomate américain Benjamin Franklin, se soucient cependant plus de l’existence d’un fluide magnétique que de l’efficacité des méthodes du médecin allemand, et à la suite d’une enquête approfondie, démontrent qu’un tel fluide n’existe pas. Discrédité, Mesmer quitte la ville et erre à travers l’Europe. Après avoir vécu des années en exil relatif en Suisse, il meurt finalement en 1815.

DISCRÉDITÉ PAR LA COMMISSION MISE EN PLACE PAR LOUIS XVI,MESMER VA QUITTER PARIS ET ERRER À TRAVERS L’EUROPE JUSQU’À SA MORT EN 1815

Bien que les techniques mises au point par le médecin allemand aient été largement mises en doute à l’époque, certains de ses patients prétendaient qu’il était parvenu à les guérir.

En réalité, Mesmer a sans le savoir popularisé une pratique employée aujourd’hui dans le domaine de la psychologie. Ce n’était pas son prétendu magnétisme qui soulageait ses clients, mais sa capacité à les faire entrer dans un état d’hyper-conscience, où les maux, souvent de nature psychologique, pouvaient être soulagés. Cette technique constitue la base de l’hypnose moderne, qui, bien qu’encore controversée, est aujourd’hui considérée comme une pratique thérapeutique à part entière.

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Cornelia Messmer
Cornelia Messmer
3 années

Je me permets de remettre en question votre article. La guérison de la pianiste aveugle est mal décrite et vos arguments et soupçons sont tout simplement faux. Regardez le filme « Mesmer » ou lisez des ouvrages pertinents en allemand et imprimés en 1900. Par ailleurs vous n’avez pas écrit un seul… Lire la suite »