
À l’heure où nos vies sont rythmées par les notifications et les écrans, la Finlande choisit une direction résolument différente. Elle a récemment adopté une nouvelle loi qui limitera l’usage des smartphones dans les écoles primaires et secondaires dès la rentrée prochaine. Cette décision vise à préserver la concentration, l’apprentissage et le bien-être des élèves, en réponse aux préoccupations croissantes liées à l’impact des écrans sur les jeunes.
Contrairement à une interdiction totale, la législation impose des règles strictes : les téléphones devront rester rangés durant les cours, sauf autorisation spécifique d’un enseignant pour des raisons pédagogiques ou de santé. Les enseignants auront également le droit de confisquer les téléphones en cas de perturbation. Cette nouvelle réglementation remplace les règles variables qui existaient jusqu’ici dans chaque établissement. Pour Tony Björk, directeur du lycée suédois Mattliden, cette uniformité est bénéfique : « Avoir des règles communes à l’échelle nationale est une très bonne chose. »
La Finlande rejoint une liste croissante de pays qui restreignent l’utilisation des smartphones en milieu scolaire. Des nations comme la France, l’Italie et le Brésil ont déjà adopté des mesures similaires, souvent motivées par des études qui montrent les effets négatifs des téléphones sur l’apprentissage et la santé mentale. Par exemple, en France, une interdiction des téléphones a été mise en place dès 2018 dans les écoles primaires et secondaires. Depuis, d’autres pays, comme les Pays-Bas, la Hongrie et l’Italie, ont suivi en établissant des restrictions similaires.
De nombreuses recherches confirment les bénéfices d’une telle interdiction. Une étude publiée en 2017 dans le Journal of Educational Psychology a révélé que la simple présence d’un téléphone, même éteint, peut réduire l’attention et la mémoire des élèves. De plus, un rapport de l’UNESCO a constaté que les résultats scolaires sont souvent plus faibles chez les élèves ayant un accès fréquent aux smartphones en classe.
Les experts rappellent également que si la technologie peut enrichir l’apprentissage, elle ne doit pas remplacer les interactions humaines fondamentales. Pour Manos Antoninis, directeur du Rapport mondial de suivi sur l’éducation, il est urgent d’adopter une approche équilibrée : « Il faut enseigner aux enfants à coexister avec et sans technologie, à filtrer l’information utile, mais aussi à préserver l’interaction humaine au cœur de l’apprentissage. »
Au-delà des résultats scolaires, les législateurs s’inquiètent de l’impact des téléphones sur la santé mentale des jeunes. En Finlande, comme dans d’autres pays développés, les taux d’anxiété et de dépression chez les jeunes augmentent. Certains chercheurs associent cette tendance à une utilisation excessive des réseaux sociaux et à la connectivité permanente. Cette préoccupation est partagée par le Brésil, où une interdiction similaire a été adoptée. Le ministre brésilien de l’Éducation, Camilo Santana, a souligné que la santé mentale des élèves était un facteur clé dans la mise en place de la loi.
Bien que la mesure finlandaise semble prometteuse, son succès dépendra de sa mise en œuvre. Des tentatives précédentes dans d’autres pays ont montré que l’application de telles restrictions peut parfois être compliquée. Cependant, en rendant la règle nationale et en renforçant l’autorité des enseignants, la Finlande espère instaurer un véritable changement culturel.
Par ailleurs, les personnes qui ont bloqué Internet sur leur smartphone ont constaté un grand changement d’humeur.