L’essence semble, à première vue, être la même dans tous les pays du globe. C’est pourtant loin d’être le cas. En Afrique de l’Ouest, la composition de l’essence est loin des standards européens et représente même une menace pour ceux qui l’utilisent. C’est ce que révèle une enquête néerlandaise dévoilant ainsi une facette méconnue des compagnies pétrolières.
POURQUOI L’ESSENCE EST-ELLE DIFFÉRENTE EN AFRIQUE ?
Comme beaucoup d’éléments de notre quotidien, l’essence est un produit exporté et c’est également le cas vers l’Afrique. Grand consommateur de diesel, le continent importe de l’essence produit par des compagnies pétrolières comme Shell, Total, Petrobras… Néanmoins, ce que les habitants du Nigéria, du Togo ou du Bénin mettent dans leur voiture n’a rien à voir avec le diesel disponible dans nos pompes.
Les compagnies n’hésitent pas, quand un chargement est à destination de l’Afrique de l’Ouest, à « créer » de l’essence (parfois en pleine mer au large des côtes) en mélangeant des substances nocives pour l’environnement. L’Afrique de l’Ouest étant à l’heure actuelle une zone où l’air est très pollué, la sonnette d’alarme est tirée. Mais il y a plus grave encore : ces carburants sont également très dangereux pour l’Homme.
NOCIF À L’ENVIRONNEMENT MAIS AUSSI À LA SANTÉ
L’ILT, l’Inspection néerlandaise pour l’environnement humain et les transports, a mené une enquête sur ces carburants destinés au marché africain. Au cours de leur investigation, l’équipe a inspecté en détail les cargaisons de 44 pétroliers.
Elle a alors constaté qu’en plus de contenir « 300 fois plus de soufre qu’autorisé par les standards européens », ces carburants contenaient du manganèse et du benzène. Ces deux substances sont connues pour favoriser dangereusement le développement de cancer chez l’Homme.
Public Eye, une organisation suisse ayant également enquêté sur ce carburant trafiqué explique que « Par ces pratiques illégitimes, ces sociétés contribuent à l’explosion de la pollution de l’air dans les villes africaines et nuisent à la santé de millions de personnes ».
LA « QUALITÉ AFRICAINE » RÉVÉLÉE ET COMBATTUE
Via l’enquête réalisée par l’ILT, de nombreux courtiers en pétrole et de compagnies sont pointés du doigt. Cependant, malgré cette pratique, la situation en Afrique de l’Ouest pourrait être amenée à évoluer. Au Ghana par exemple, ne sont importées que des carburants à faible teneur en soufre, et ce, depuis le 1er juillet 2017. Néanmoins, il reste aujourd’hui compliqué de suivre l’exemple donné par le Ghana.
Plusieurs pays comme la Cote d’Ivoire ou le Nigeria essaient de mettre aux normes leurs raffineries et de réduire les teneurs en souffre de leurs carburants. Des hausses de prix à l’importation mais aussi les pressions de plusieurs lobbies pétroliers sont en cause. L’Afrique est toutefois résolue à mettre fin à l’essence de qualité africaine mais des efforts sont encore à faire.
Par Justine Manchuelle, le
Source: Sciences et Avenir
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