Une épave de bateau pirate a été découverte à une profondeur d’environ 822 mètres sous la Méditerranée. Une découverte qui met en lumière la grande horreur maritime. Explications.
Un bateau pirate
Ce bateau pirate mesure à peine 13 mètres de long. Il a été identifié dans les eaux internationales, à mi-chemin entre le Maroc et l’Espagne, à l’extrémité occidentale de la Méditerranée. L’épave a été découverte en 2005 par la société Odyssey Marine Exploration (OME), basée en Floride. Toutefois, sa découverte est restée secrète jusqu’à présent.
Il était autrefois occupé par des corsaires barbaresques, principalement des pirates et des corsaires musulmans. Ils opéraient depuis les côtes d’Afrique du Nord et constituaient un fléau pour les navires européens et les colonies côtières en Méditerranée.
La ville d’Alger
Cette épave a été reliée à Alger, actuelle capitale de l’Algérie. Cette ville était célèbre à l’époque des corsaires puisqu’elle servait de plaque tournante pour la piraterie sur la côte de Barbarie. « La menace des corsaires d’Alger était une terreur quotidienne pour l’Occident. L’épave retrouvée en eaux profondes est un précieux écho de l’une des grandes horreurs maritimes de la Méditerranée occidentale », a déclaré Greg Stemm, directeur de Seascape Artifact Exhibits Inc.
Cette ville attirait des gens de toute la région, notamment des réfugiés musulmans d’Espagne et des chrétiens convertis à l’islam, qui souhaitaient s’enrichir grâce à la piraterie. À la fin du XVIe siècle, la population de la ville avait atteint environ 60 000 habitants. « Moins célèbre que les pirates des Caraïbes, Alger, capitale des corsaires, s’est tournée vers la piraterie bien plus tôt et a connu une activité bien plus importante », a déclaré Sean Kingsley, rédacteur en chef du magazine Wreckwatch. « De 1525 à 1830, une ville entière de 60 000 ‘voyous et renégats’ a vécu par l’épée. »
Le rédacteur en chef ajoutant : « Alors que Barbe Noire et sa bande semaient la terreur dans les navires, les pirates barbaresques terrorisaient des nations entières. Comme les Vikings, ils attaquaient les navires jusqu’au sud de l’Angleterre. Non seulement ils prenaient possession de vos richesses, mais ils réduisaient en esclavage tous ceux qu’ils capturaient pour les rançonner contre une lourde somme. C’était une atrocité de la vie quotidienne avec laquelle les commerçants occidentaux devaient parier. »
Un état de conservation exceptionnel
L’état de conservation de l’épave de ce bateau pirate est exceptionnel. La coque et les objets trouvés sont restés exactement là où ils étaient au moment où le bateau a coulé. Seul le tiers inférieur de la coque, sous la ligne de floraison, a survécu.
Selon Sean Kingsley, la découverte du navire corsaire est importante car aucune autre épave liée à Alger, la capitale corsaire, n’a été retrouvée auparavant. Des poteries et l’armement lourd dont le navire était équipé ont permis aux spécialistes de déterminer qu’il s’agissait d’un navire corsaire en provenance d’Alger. « Les deux caractéristiques qui définissent les navires pirates sont l’armement lourd et le contenu culturel cosmopolite, issu des nombreuses prises capturées. Le navire corsaire naufragé était lourdement armé de mousquets, de quatre gros canons et de dix canons pivotants. Lorsque le capitaine se trouvait en difficulté, ces armes antipersonnel pouvaient être rapidement installées pour attaquer les équipages dans le gréement et sur les ponts », a-t-il expliqué.
Le rédacteur en chef précisant : « La majeure partie des pièces de poterie provient de fours découverts sur la place des Martyrs à Alger, ce qui suggère fortement le port d’attache. Le fait que la collection comprenne des bouteilles de liqueur en verre inhabituelles fabriquées en Belgique ou en Allemagne, des bols à thé de la Turquie ottomane et une longue-vue européenne signifie que l’épave ne ressemble à aucun navire marchand méditerranéen connu. La plupart des poteries ont des parallèles exacts avec les céramiques du XVIIIe siècle exhumées lors des opérations de sauvetage sur la place des Martyrs à Alger. Les bols ottomans présents sur l’épave ont cessé d’être fabriqués en Turquie vers 1755. La datation la plus précise provient des bouteilles en verre qui ont été soufflées au plus tard entre 1740 et 1760. Le navire ne peut donc pas être postérieur à 1760. Le petit navire a très certainement succombé à une tempête venue de nulle part. Le corsaire audacieux et courageux a surmonté des conditions météorologiques impitoyables. »
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