
Qu’il s’agisse des chats, des chiens, des oiseaux, des poissons ou même des amphibiens, il semblerait que tout membre du règne animal soit susceptible de souffrir de cancer. Cependant, les risques sont beaucoup moins élevés chez certaines espèces, et c’est notamment le cas pour les éléphants. La question est de savoir pourquoi.
Le cancer chez les éléphants
Toutes les créatures multicellulaires partagent une vulnérabilité commune : la croissance incontrôlée de cellules appelées cancer. Cependant, les risques face à cette maladie ne sont pas les mêmes pour toutes les espèces. Par rapport à beaucoup d’animaux, les éléphants ont, par exemple, un risque étonnamment faible (estimé à seulement 3 à 5 %) d’avoir un cancer. À titre de référence, le taux de risque de cancer chez les humains est estimé à environ 25 à 40 %. Cette résistance des éléphants face au cancer est depuis longtemps une source de curiosité scientifique.
De nombreux experts pensent en effet que les éléphants pourraient détenir la clé de la guérison du cancer. Cependant, malgré les nombreux efforts de recherche menés dans ce sens, il semblerait qu’on ignore encore avec exactitude comment cela est possible. Bien qu’il y ait divers indices génétiques qui pourraient expliquer l’apparente immunité des éléphants face au cancer, ces indices restent plutôt flous. D’après une récente étude réalisée par les chercheurs de l’University College de Londres et de l’université de Reading, il y a une bonne raison à cela, et c’est tout simplement à cause d’une mauvaise compréhension du cancer chez les animaux.
Les chercheurs ont expliqué qu’affirmer que les éléphants ont une sorte d’immunité contre le cancer est une idée fausse. La réalité réside dans les détails. Et en ce qui concerne le cancer chez les éléphants, ce détail se rapporte au rapport entre la taille de l’animal et son risque de développer cette maladie. Il faut savoir que logiquement, les animaux de grande taille ont naturellement plus de risque d’avoir un cancer. Cela s’explique par le fait que les gros animaux ont plus de cellules dans leur corps. Or, plus ces cellules se divisent, plus le risque qu’un problème survienne est grand.

Le paradoxe de Peto serait finalement un mythe
Cependant, diverses observations faites au fil du temps – notamment chez les éléphants – suggèrent que les risques d’incidence du cancer ne semblent pas dépendre du nombre de cellules chez les animaux. Ce phénomène est connu sous le nom de paradoxe de Peto. Dans la nouvelle étude – dont les résultats ont été publiés dans la revue PNAS – les chercheurs ont cependant trouvé des preuves qui contredisent ce paradoxe. Ils ont constaté que les animaux plus gros – et qui ont donc plus de cellules – ont bel et bien plus de risque de développer un cancer.
Pour aboutir à cette conclusion, les scientifiques ont analysé les données sur le cancer de 263 espèces appartenant à quatre grands groupes d’animaux : les amphibiens, les oiseaux, les mammifères et les reptiles. Les résultats ont révélé que les animaux de grande taille présentaient systématiquement une prévalence plus élevée de tumeurs bénignes et malignes. Cependant, les espèces qui ont évolué vers une taille plus grande plus rapidement, comme les éléphants, ont également développé des défenses naturelles plus fortes contre le cancer.
Quoi qu’il en soit, malgré les adaptations qui ont évolué pour contrer les risques de cancer, un éléphant présente toujours plus de risque de cancer qu’une souris. L’étude a montré qu’un éléphant présente à peu près le même risque de cancer qu’un tigre, mais c’est tout de même exceptionnel dans la mesure où le tigre est un animal dix fois plus petit. Avec ces résultats, les chercheurs espèrent apporter plus de compréhension dans la manière dont se développe le cancer et potentiellement découvrir de nouvelles façons de lutter contre la maladie. Par ailleurs, cette nouvelle approche redoutable utilise des ultrasons pour cibler et éradiquer le cancer.