Sur la bonne voie, mais peut (et doit) mieux faire. C’est en somme la conclusion du dernier rapport de la CITEPA, l’organisme chargé d’analyser les rejets de gaz à effet de serre en France.
Bonne nouvelle sur le front de la pollution
La pollution est un problème à la fois technologique, écologique et économique, mais aussi sanitaire. Sur ce dernier point, la France peut se targuer d’un certain succès. Sur la période allant de 1990 à 2015 (derniers chiffres disponibles), notre pays est parvenu à s’attaquer de manière efficace aux gaz les plus nocifs pour la santé : les émissions de dioxyde de soufre (SO2) et d’azote (NOx), les composés organiques volatils (COVNM), l’ammoniac (NH3) et les particules fines (PM2,5) ont vu leur teneur diminuer de manière significative.
Ces gaz sont les plus dangereux pour l’homme et la planète, mais ne représentent pas grand chose par rapport au fameux CO2. Le dioxyde de carbone pèse en effet 75 % des gaz émis par la France. C’est donc ici que se niche le coeur du combat pour la planète. Globalement, les émissions sont passées de 394 millions de tonnes par an à 327 (-16 %). À l’échelle mondiale, c’est pourtant bien insuffisant pour compenser les augmentations inévitables dans les pays en développement, notamment la Chine, dont les émissions ont plus que doublé en seulement 10 ans pour atteindre la quantité astronomique de 10 milliards de tonnes par an.
Un effort insuffisant
Des bémols doivent être mis à ces résultats tout de même encourageants. Les rejets les plus nocifs ont certes baissé, mais pas dans les grandes villes, comme on a pu le constater pas plus tard que l’hiver dernier. Sachant que la pollution provoque 48 000 décès chaque année, et que l’essentiel de la population française vit dans les grandes agglomérations, le combat est donc loin d’être gagné.
Quant aux chiffres de diminution globale, leur analyse sectorielle révèle que celle-ci est principalement due à l’industrie. Or la production industrielle française s’est effondrée ces dernières décennies, du fait bien souvent de délocalisations dans des pays à moindre coût. On peut donc considérer que la France s’est contentée de déménager sa pollution en même temps que ses usines.
Un contexte politique inquiétant
On peut se réjouir des quelques bons points du pays, comme les lois sur la transition énergétique et le reboisement, qui contribuent pour l’essentiel de la baisse (respectivement -30 et -10 millions de tonnes). Mais l’essentiel tient à la volonté politique. Comment expliquer par exemple que la fiscalité continue d’inciter les citoyens à privilégier le carburant le plus polluant, à savoir le diesel?
Le pays devrait tout de même être en mesure de respecter ses engagements européens et internationaux. Mais le chemin à parcourir reste très long : dans le cadre de l’accord de Paris, le gouvernement s’est engagé à diminuer d’ici 2030 ses émissions de 40 % par rapport au début de l’ère industrielle. En outre, le contexte mondial reste désespérant. Ainsi la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris par le président Trump nous rappelle à quel point les égoïsmes nationaux risquent de nuire à une cause vitale pour l’humanité toute entière. Pire, les efforts des européens eux-même restent insuffisants pour limiter le réchauffement climatique, comme l’explique ce député européen.
Par Tristan Castel, le
Source: Sciences et Avenir
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