Culte de la personnalité, répression souvent violente de toute opposition… Les dictateurs sont connus pour leurs abus et font régner la terreur sur leur peuple. Ce que l’on sait moins, c’est jusqu’où leurs excentricités pouvaient aller ! De Saparmyrat Nyýazow à Kim Jong-il, découvrez les dictateurs les plus excentriques de l’Histoire.

 

KIM JONG-IL

Pour les psychologues, presque tous les dictateurs partagent certains troubles d’ordre psychologiques à commencer par le sadisme, la paranoïa, le comportement antisocial ou encore le narcissisme. Cependant, peu de dirigeants ont poussé le culte de la personnalité comme l’a fait Kim Jung Il, le père de l’actuel « Chef suprême de la République populaire démocratique de Corée ». Si l’on en croit les biographies officielles, il serait né au sommet du Mont Paektu, une montagne sacrée du pays.

IL S’EST AUSSI ESSAYÉ À L’OPÉRA ET AURAIT UN JOUR INVENTÉ L’HAMBURGER

Ce jour-là, la glace aurait émis un son mystérieux avant de se briser et de laisser s’échapper un double arc-en-ciel. Ce réel dieu vivant, selon ses propres écrits, aurait commencé à marcher dès l’âge de 3 semaines et aurait appris à parler quelques semaines plus tard. Une fois entré à l’université, il rédige près de 1500 livres qui sont aujourd’hui de vraies bibles pour les jeunes coréens. En 1994, le prodige s’essaie au golf et réussit le superbe score dont cinq trous en un, ce qui est jusqu’à aujourd’hui, vous l’aurez deviné, un record mondial. Le dirigeant s’est aussi essayé à l’opéra et aurait un jour inventé le hamburger…

 

SAPARMYRAT NYYAZOW

Dans la même lignée, Saparmyrat Nyýazow, qui a pris le pouvoir au Turkménistan après la chute du bloc communiste, est un grand mégalomane. Si sa biographie est moins extravagante que celle du dirigeant nord-coréen, ses excentricités resteront dans l’histoire, à commencer par son propre nom qu’il abandonne au profit de Türkmenbaşy, comprenez « chef des Turkmènes ». En plus de mettre son visage sur tous les billets de banque, de renommer le mois de janvier avec son propre nom, il étend l’idolâtrie de sa personne à sa mère, décédée durant son enfance. Il l’idéalise au point d’ériger des statues à l’image de la défunte, comme celle qui existe au sommet d’un bâtiment d’Achgabat, surnommée l’Arche de la Neutralité, plaquée d’or et qui tourne sur elle-même afin d’être toujours orientée vers le soleil.

Pour se défendre des attaques extérieures, le dictateur assurera que « Personnellement, je suis opposé à ce que l’on voit des images ou des statues de moi dans les rues… mais c’est ce que veut le peuple ». Sur son temps libre, le chef d’état a également écrit un livre qui sert de guide à la jeunesse turkmène.

« PERSONNELLEMENT, JE SUIS OPPOSÉ À CE QUE L’ON VOIT DES IMAGES OU DES STATUES DE MOI DANS LES RUES… MAIS C’EST CE QUE VEUT LE PEUPLE »

Sur le Ruhnama, ou Livre de l’Âme en français, il déclare en 2006 que « Celui qui par trois fois lira le Ruhnama trouvera une richesse spirituelle, deviendra plus intelligent, reconnaîtra l’existence divine et ira directement au paradis ». Son culte de la personne est si grand, qu’une variété de melons a été renommée Türkmenbaşy.

 

FRANÇOIS DUVALIER

Le président haïtien F. Duvalier (à droite) et David Tercero Castro, ambassadeur du Guatemala à Haïti.

IL RAVIVE LES CROYANCES VAUDOUES, IMITANT EN PUBLIC LE PERSONNAGE DU BARON SAMEDI, L’ÉQUIVALENT DE L’ANGE DE LA MORT

François Duvalier, surnommé Papa Doc, « président à vie » d’Haïti poussera le culte de la personnalité aux frontières de la folie. Élu à la tête du pays grâce à un référendum où il remporte 99,99 % des suffrages, il imposera à l’île un réel contrôle par la religion. En plus de diriger les églises locales avec l’accord du Vatican, il impose au début de chaque messe une petite prière qui commençait par ces mots : « Notre Doc qui êtes au Palais National pour la vie, que votre nom soit béni ».

Cependant, derrière cette apparence chrétienne, il ravive les croyances vaudous, imitant en public le personnage du Baron Samedi, l’équivalent de l’Ange de la mort dans la mythologie vaudou. Ainsi, il s’attribue la mort de John Fitzgerald Kennedy, assurant que cet événement était la conséquence de l’un de ses sorts et lorsqu’il soupçonne l’un de ses bras droits, Clément Barbot, de vouloir lui voler le « trône », il ordonne son exécution et exige de tuer tous les chiens noirs de l’île, assurant que l’opposant s’était en fait transformé en canidé. Clément Barbot sera retrouvé quelque temps plus tard et sera malgré tout exécuté.

 

FRANCISCO MACÌAS NGUEMA

Francisco Macías Nguema a dirigé la Guinée-Equatoriale durant plus de 10 ans et fera régner la terreur à travers le pays si bien que l’on considère que durant son « mandat », un tiers de la population est morte ou a choisi l’exil. Il mettra en place un certain nombre de lois toutes plus absurdes les unes que les autres comme l’interdiction de porter des chaussures, le démantèlement des chemins de fer ou encore la suppression des écoles et des hôpitaux.

IL MET EN PLACE UN CERTAIN NOMBRE DE LOIS TOUTES PLUS ABSURDES LES UNES QUE LES AUTRES, COMME L’INTERDICTION DE PORTER DES CHAUSSURES

Jusqu’à sa fin, le président fera absolument n’importe quoi : après le coup d’État qui le destitue de ses fonctions, il s’enferme dans un bunker et détruit les réserves nationales de change, plongeant le pays dans une crise monétaire extrêmement grave.

 

RAFAEL TRUJILLO MOLINA

Rafael Trujillo Molina a dirigé la République Dominicaine de 1930 à 1938, puis est réélu président de la République en 1942 et continuera jusqu’à sa mort à être El Jefe (le chef) mettant à sa place des présidents qu’il contrôle en secret. Coupable de massacres et même pour certains de génocide, il a également mis en place un culte de sa personnalité, exigeant d’inscrire sur la façade des églises « Dieu au paradis, Trujillo sur terre ».

Ce qu’il y a de plus incroyable avec ce dictateur, c’est la liberté avec laquelle il a puisé dans les ressources du pays avec une transparence qui dépasse l’indécence ! El Jefe n’hésite pas en effet à acheter à des prix symboliques la majorité des entreprises du pays. Il s’empare de la production et de la vente du sel, de la viande ou encore du riz et interdit par ailleurs l’importation de ces denrées, obligeant ainsi les Dominicains à acheter directement auprès de lui. Cela lui permet de se constituer une petite fortune personnelle avec laquelle il achète une partie des terres du pays. Alors que certains se seraient contentés de se l’approprier, lui a préféré la méthode de l’homme d’affaire de génie… Facile quand on écrit les règles !

 

YAHYA JAMMEH

IL ASSURE AVOIR TROUVÉ UN TRAITEMENT À BASE D’HERBES CAPABLE DE TRAITER LE SIDA

Un peu d’actualité avec Yahya Jammeh, président de la Gambie, récemment destitué le 21 janvier 2017 après 23 ans au pouvoir. Ce dictateur fait partie d’une espèce en voie de disparition, et de ceux, très nombreux dans les années 70 à 80, qui n’ont jamais tenté de justifier leurs actes et qui sont même fiers d’avoir interdit le seul journal existant du pays et exécuté une partie de la rédaction durant leur carrière.

Ce genre de dirigeant qui assure sa position avec l’aide de la religion mais qui d’un autre côté lance, comme ça a été le cas en 2009, une chasse à la sorcière suite au décès de sa tante victime selon les dires du président, de mauvais sorts. Le même qui malgré n’avoir obtenu que le baccalauréat se fait appeler « Professeur El Hadj Docteur Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Nasiru Den Jammeh » et assure avoir trouvé un traitement à base d’herbes capable de traiter le sida et un autre pouvant guérir avec une dose l’hypertension artérielle. La preuve de l’efficacité du traitement ? Certains de ses ministres en ont bénéficié et s’en portent beaucoup mieux !

 

BONUS : ELENA CEAUSESCU

ELLE INTERDIT LA CONTRACEPTION ET L’AVORTEMENT, ELLE IMPOSE AUX FEMMES LA LOI DES CINQ ENFANTS

Il est indispensable ne serait-ce que d’évoquer les femmes de dictateurs. Ces complices de l’ombre, souvent tout aussi avides de pouvoir et d’argent que leur cher mari, ont réussi à surpasser leur conjoint, à l’exception peut-être d’Elena Ceausescu.

Malgré n’avoir obtenu qu’un diplôme d’ingénierie chimique, la femme du dictateur roumain Nicolae Ceausescu, se verra recevoir un certain nombre de prix scientifiques internationaux. En plus d’être accusée d’avoir volé les recherches de scientifiques roumains, les universités occidentales se voyaient obligées de lui attribuer des récompenses pour flatter l’égo de son mari qui s’éloignait alors des forces communistes.

Une encyclopédie de l’époque prenait une demi-page pour énumérer ses nombreuses récompenses. De retour d’un voyage en Chine, elle s’engage plus activement en politique, interdisant la contraception et l’avortement et elle impose aux femmes la loi des cinq enfants. Trois restent dans chaque famille alors que le reste est envoyé dans des camps d’endoctrinement. Nommée vice-première ministre, elle participera activement à la répression dans son pays. Moquée par les autres et considérée comme une femme peu intelligente, sa vengeance a été terrible.

Dans la famille des dictateurs incontrôlables, certains de ceux cités précédemment font partie des plus étranges et des plus cruels. Même si la liste des dictateurs actifs dans le monde se réduit chaque année, certains vivent toujours mais la liberté de circulation de l’information les oblige de plus en plus à respecter un semblant de décence face aux observateurs de la communauté internationale.

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