
Des archéologues basés à Göteborg, dans le sud-ouest de la Suède, ont récemment mis au jour un artefact unique lors de fouilles dans l’ancienne forteresse de Gullberg : une « dague à testicules » datant du XIVe siècle. Ce poignard, nommé ainsi en raison de la forme phallique de sa garde, offre un aperçu des pratiques martiales et des aspects culturels de cette époque.
Un poignard à la symbolique forte
Cette dague étonnante a été mise au jour lors de fouilles archéologiques menées sur le site entre 2014 et 2023, dans le cadre de travaux de modernisation du réseau ferroviaire. Le poignard, composé d’une lame en fer, a été retrouvé en mauvais état : la pointe est cassée et le tranchant est endommagé. Son manche, sculpté dans du bois de bouleau frisé, est décoré de motifs circulaires.
Ce qui intrigue le plus les spécialistes est bien sûr sa garde, ornée de deux éléments sphériques évoquant des testicules, un ornement courant à l’époque, bien que son symbolisme exact reste sujet à débat. Il a été découvert dans une couche archéologique contenant également des carreaux d’arbalète, ce qui suggère une utilisation en contexte de combat.
Les experts estiment que cette arme, bien qu’utilitaire, avait également une dimension symbolique. Elle aurait pu être portée de manière ostentatoire par un guerrier, tout en offrant une prise ergonomique pour asséner des coups puissants.
Un bastion stratégique entre guerre et commerce
La forteresse de Gullberg, dominant l’embouchure du fleuve Göta, occupait un emplacement stratégique crucial. À l’époque médiévale, elle constituait le seul débouché maritime de la Suède vers la mer du Nord, alors que le reste de la côte ouest était sous contrôle danois et norvégien. Fortifiée dès le XIVe siècle, elle précédait la ville moderne de Göteborg, fondée en 1621, et protégeait la colonie médiévale de Lödöse, un important centre commercial à l’époque viking.
L’histoire de Gullberg est marquée par des conflits répétés. La forteresse a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises entre le XIVe et le XVIIe siècle, avant d’être finalement rasée par les armées danoises en 1612. Un témoignage particulièrement poignant de cette époque provient de Cecilia Krakow, une fillette de dix ans, qui a décrit les efforts désespérés pour défendre la forteresse lors d’une attaque.
Le site, initialement établi sous le règne du roi Birger Magnusson comme forteresse frontalière, a été utilisé jusqu’au XIXe siècle. Les vestiges retrouvés, tels que des maisons, des murs et des terrassements, témoignent d’une vie quotidienne riche et complexe. L’analyse des céramiques met en évidence un mélange de productions locales et d’importations, tandis que le bois d’un pont a été daté des années 1460 et celui de certains bâtiments des années 1570.
Richesse des découvertes archéologiques
La campagne de fouilles, s’étalant sur près d’une décennie, a permis de mettre au jour une impressionnante diversité d’objets, allant bien au-delà du simple armement. Si les premiers artefacts mis au jour étaient des armes telles que des pointes de flèches et des carreaux d’arbalète, des strates plus récentes ont révélé des projectiles en plomb, des boulets de canon légers et même des pistolets de fabrication locale.
Mais les objets découverts ne se limitent pas à l’armement. Les archéologues ont également trouvé des vestiges de la vie quotidienne, notamment une cave datant du XVIe siècle dans une tour aux murs épais. Cette cave contenait des robinets de bière, un arroseur de sable pour sécher l’encre, et un cadran solaire en calcaire presque intact, bien que privé de son aiguille.
Les fouilles ont également révélé des techniques de construction avancées, avec des fortifications combinant pierre, brique, bois et terre. La salle souterraine remarquablement bien conservée, incluant un escalier, un plancher et des sections de murs et de toit, figure parmi les découvertes les plus marquantes.
Après dix ans de recherches, les artefacts, dont la célèbre « dague à testicules », sont désormais exposés au musée historique de Stockholm dans le cadre de l’exposition « Archéologie actuelle », ouverte jusqu’en janvier 2026.
Par ailleurs, de nouvelles analyses révèlent certains secrets de la dague « extraterrestre » de Toutânkhamon.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Arkeonews
Étiquettes: Suède, armes, forteresse
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