Les récifs coralliens sont des écosystèmes marins qui abritent une grande diversité d’espèces, mais qui sont aussi très vulnérables. Ils subissent les effets du changement climatique, de l’acidification des océans, de la surpêche et de la pollution plastique. Cette dernière est particulièrement inquiétante, car elle peut provoquer des blessures, des asphyxies ou des intoxications chez les animaux marins qui s’y prennent ou qui l’avalent. Elle peut aussi favoriser l’apparition de maladies chez les coraux, en les blessant ou en altérant leur microbiote.
Une pollution massive et généralisée
Une étude menée par des chercheurs de l’université d’Exeter (Royaume-Uni) a analysé la présence de débris plastiques sur 84 récifs coralliens dans les océans Pacifique, Atlantique et Indien. Les chercheurs ont prélevé des échantillons d’eau sur les récifs coralliens, à différentes profondeurs, à l’aide de plongeurs et d’engins sous-marins. Ils ont ensuite analysé la présence de débris artificiels de plus de 5 centimètres de diamètre.
Ils ont constaté que 92 % des récifs coralliens étudiés étaient pollués par ces débris, dont 88 % étaient du plastique. La plupart du plastique provenait de l’industrie de la pêche, comme des filets, des lignes ou des bouées. La pollution était plus importante dans les récifs coralliens profonds, entre 30 et 150 mètres, où le plastique s’accumule au fil du temps.
Les chercheurs ont estimé qu’environ 11 milliards de morceaux de plastique pollueraient les récifs coralliens dans le Pacifique Ouest, une région qui abrite plus de la moitié des récifs coralliens du monde.
“Nous avons été choqués par la quantité de débris plastiques que nous avons trouvés”, a déclaré Joleah Lamb, chercheuse à l’université Cornell (États-Unis) et auteure principale de l’étude.
Un risque accru de maladies pour les coraux
La pollution plastique a des effets néfastes sur la faune et la flore marines. Le plastique peut provoquer des blessures, des asphyxies ou des intoxications chez les animaux qui s’y prennent ou qui l’avalent. Les poissons consomment de plus en plus de plastique, ce qui peut avoir des conséquences sur la chaîne alimentaire et la santé humaine.
Le plastique peut aussi favoriser l’apparition de maladies chez les coraux, en les blessant ou en altérant leur microbiote. Les chercheurs ont observé que le risque de maladie pouvait être jusqu’à 22 fois plus grand sur un récif pollué par le plastique que sur un récif préservé. Quatre des maladies coralliennes les plus communes (le syndrome de la bande blanche, le syndrome de la bande noire, le blanchissement et la maladie de la bande d’érosion squelettique), dont trois sont associées à une mortalité rapide du corail, étaient plus présentes sur les récifs pollués par les plastiques.
“Les maladies des coraux sont difficiles à arrêter une fois qu’elles commencent”, a expliqué Drew Harvell, professeur à l’université Cornell et co-auteur de l’étude. “Le plastique agit comme un vecteur d’agents pathogènes potentiels, alors que les blessures causées par le plastique offrent un point d’entrée facile pour ces agents pathogènes.”
Une menace pour la biodiversité marine
Les coraux sont déjà fragilisés par le changement climatique, qui provoque des épisodes de blanchissement massif. L’acidification des océans rend aussi plus difficile la formation du squelette calcaire des coraux. La surpêche réduit la diversité et l’abondance des poissons qui contribuent à l’équilibre des récifs. La pollution plastique aggrave leur déclin et menace la biodiversité marine.
Les récifs coralliens fournissent des services écosystémiques essentiels, comme la protection des côtes, le tourisme, la pêche ou la recherche médicale. Ils sont aussi une source de beauté et d’émerveillement pour les humains.
Pour lutter contre cette pollution, les chercheurs appellent à réduire la production et la consommation de plastique, notamment dans l’industrie de la pêche. Ils encouragent aussi le recyclage et la gestion des déchets, surtout dans les zones côtières où le plastique est souvent jeté dans l’océan.
Ils soulignent également l’importance de protéger les récifs coralliens et de sensibiliser le public à leur valeur écologique et économique. Ils citent l’exemple des îles extérieures des Seychelles, dans l’océan Indien, où aucun débris artificiel n’a été trouvé. Ces îles sont éloignées et bénéficient d’une protection renforcée par les autorités et l’UNESCO.
“Nous devons agir maintenant pour sauver ce qui reste”, a déclaré Lucy Woodall, chercheuse à l’université d’Exeter et co-auteure de l’étude. Pour aller plus loin, voici 10 choses que vous ne savez probablement pas sur la Grande Barrière de corail.