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Première victime du Covid-19 au sein de la tribu amazonienne des Yanomami

La pandémie n'épargne aucun territoire, même les plus isolés

Alors que l’épidémie de coronavirus continue de se propager à travers le monde, de moins en moins de territoires sont épargnés. En effet, au Brésil, le décès d’un adolescent de 15 ans membre d’une tribu brésilienne isolée, la tribu des Yanomami, a été annoncé par les autorités sanitaires. Un nouveau cas qui renforce les inquiétudes quant aux risques auxquels sont exposées les communautés isolées.

Une première victime parmi les tribus brésiliennes isolées

Au Brésil, plus de 25 000 cas ont été recensés. Les autorités sanitaires brésiliennes ont rapporté qu’un jeune homme de 15 ans, membre de la tribu isolée des Yanomami, comptant aujourd’hui près de 38 000 individus selon l’ONG Survival International, est décédé du coronavirus à l’hôpital de la ville de Boa Vista, capitale de l’État du Roraima, au Brésil. Une nouvelle mort des plus alarmantes et qui laisse craindre de nouveaux cas parmi ces communautés.

Luiz Henrique Mandetta, ministre de la Santé brésilien, a expliqué que cet adolescent avait été admis dans cet hôpital le 3 avril dernier. Son état était alors jugé « très préoccupant« . Il souffrait également de malnutrition, d’anémie et de crises de paludisme, comme l’a rapporté un rapport du SESAI, Secrétariat spécial à la santé indigène. Il est alors décédé le 9 avril.

Ce jeune homme est donc devenu la première victime du coronavirus parmi cette tribu isolée du Brésil. Les autorités brésiliennes ne connaissent pas les raisons pour lesquelles il a contracté le virus. Néanmoins, il était originaire de Rehebe, village proche de la rivière Uraricoaera où l’on trouve de nombreux orpailleurs illégaux. Il est donc possible qu’il ait été en contact avec des individus extérieurs à sa tribu, comme l’a rapporté Agência Brasil, agence de presse.

— Laszlo Mates / Shutterstock.com

Des inquiétudes d’autant plus renforcées

Cette nouvelle victime du coronavirus a d’autant plus renforcé les inquiétudes quant aux risques auxquels sont exposées les tribus isolées. A l’heure où nous écrivons, plus d’une vingtaine de cas suspectés au sein de ces communautés autochtones comptant près de 850 000 personnes ont été recensés, selon Agência Brasil.

Le décès d’une femme de 87 ans et celui d’un homme de 55 ans, respectivement membres des tribus Borari et Mura, avaient également été récemment annoncés. Néanmoins, ils n’avaient pas été comptabilisés car il s’agissait d’indigènes vivant en milieu urbain. De surcroît, depuis le 9 avril dernier, deux autres individus seraient également morts du coronavirus : un homme de 78 ans et une femme de 44 ans membres des communautés Tikuna et Kokana, selon le site Amazônia Real. Ainsi, cinq individus membres de communautés brésiliennes isolées seraient décédés du Covid-19. Face à cela, Sofia Mendonça, docteure et chercheuse à l’université fédérale de São Paulo, estime que « le risque que le virus ne se répande à travers les communautés autochtones et ne les élimine est considérable« .

Les tribus isolées du Brésil ont déjà montré qu’elles sont très sensibles aux maladies. En effet, au cours des années 1970 et 1980, des villages tout entiers de Yanomami étaient décédés sous les coups d’épidémies apportées par des orpailleurs et des ouvriers. « C’était comme envoyer un bulldozer dans une fabrique de verre. Tout était brisé. C’était une épidémie après l’autre. Dans certains des villages, j’ai appris que la rougeole avait tué 50 % de la population. Si le Covid-19 faisait la même chose, ce serait un massacre« , a rapporté à The Guardian Carlo Zaquini, missionnaire italien âgé de 82 ans et travaillant avec les Yanomami.

« Nous craignons que l’un de ces envahisseurs ne ramène le virus dans notre territoire »

Ces inquiétudes sont devenues d’autant plus importantes depuis que Jair Bolsonaro est devenu le président du Brésil. « Il s’est toujours opposé à la démarcation et à la reconnaissance des territoires indiens« , expliquait notamment Fiona Watson, directrice de recherche de l’ONG Survival International, en 2018. Par ailleurs, de multiples manifestations ont eu lieu ces derniers mois afin de dénoncer la loi visant à autoriser les activités minières sur les terres réservées aux indigènes. Nombreux sont ceux qui rejettent également les discours du président qui pousse les mineurs illégaux et les agroforestiers à envahir les terres de ces tribus.

Avec l’épidémie de coronavirus, les ONG craignent fortement que la situation s’aggrave et que ces ouvriers n’accélèrent la propagation du virus parmi ces communautés. « Ces criminels ne respecteront pas la distanciation sociale. C’est même le contraire : ils en profiteront pour travailler plus tranquillement« , a rapporté à Mongabay Antonio Oviedo, membre de l’ONG Instituto Socioambiental (ISA) qui défend les droits indigènes.

« Nous craignons que l’un de ces envahisseurs ne ramène le virus dans notre territoire. Bolsonaro a dit à ces personnes que ce n’était qu’une petite grippe et qu’ils pouvaient retourner travailler« , a expliqué à son tour à Mongabay Adriano Karipuna, un des chefs du groupe.

Par Cécile Breton, le

Source: Geo

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