Les animaux ont-ils du chagrin ?

Au fil des ans, on a constaté que les animaux présentaient des comportements tout à fait uniques qui ont parfois été associés à l’existence d’émotions. La mort est l’un des pires événements sociaux qui puissent arriver à un animal social. Il existe de plus en plus de preuves que les animaux sont conscients de la mort et qu’ils la pleurent parfois ou la ritualisent.

Que peut-on dire du comportement de deuil des animaux ?

Cela peut être difficile à définir, notamment en raison de ses fréquentes complications. Certains biologistes pensent que pour qu’il y ait deuil, un animal doit d’abord comprendre la mort.

Les animaux ne peuvent pas exprimer verbalement leurs sentiments intérieurs, ce qui constitue un autre défi. Heureusement, selon André Gonçalves, chercheur sur les chimpanzés à l’université de Kyoto à Inuyama, au Japon, “nous pouvons en fait décomposer le concept de deuil en aspects plus petits, comme les réponses comportementales”. Il s’agit des changements comportementaux observables qui suivent un décès, comme une diminution de la faim, des difficultés à dormir, une diminution des interactions sociales et une augmentation du stress. Un animal qui présente ces caractéristiques peut être en deuil au sens traditionnel du terme.

Les scientifiques ne comprennent pas encore assez bien le deuil animal pour pouvoir faire une telle affirmation. Nous devons comparer rigoureusement la façon dont les différents systèmes sociaux animaux réagissent à la mortalité pour tester cette idée.

Une étude empirique minutieuse peut aider à distinguer les réponses de type stimulus du véritable chagrin. L’acide oléique stimule les fourmis à s’engager dans la pratique de l’enterrement des morts. En fait, l’acide oléique sur une fourmi vivante, même si celle-ci se déplace encore, incite les autres fourmis à l’enterrer dans le cimetière de la colonie. L’enterrement chez ces insectes sociaux n’est probablement qu’une réponse à un stimulus chimique.

Les corvidés tels que les corbeaux, les corneilles et les geais des prés se rassemblent en un grand groupe autour de l’animal mort, créant ce que l’on pourrait considérer comme des funérailles. Cependant, ce comportement semblable à celui des funérailles n’a peut-être rien à voir avec le chagrin ou le deuil. D’autres chercheurs affirment que les corvidés évitent les zones où le corps a été retrouvé. En fait, cela leur donne l’occasion de se renseigner sur les menaces éventuelles.

Comment les animaux gèrent-ils leur chagrin ?

Lorsqu’un animal meurt, l’animal restant change son comportement habituel. Il peut passer moins de temps à manger ou à dormir, ou adopter une posture ou une expression faciale qui suggère la dépression ou l’agitation. Deux animaux ou plus peuvent également interagir en dehors des comportements de survie, comme la recherche de nourriture ou l’accouplement. 

Par exemple, en Tanzanie, un jeune chimpanzé nommé Flint est mort de chagrin, ce que Jane Goodall a décrit avec des détails déchirants. Ce décès est survenu quelques semaines seulement après la mort de sa mère, Flo.

On a également observé que les éléphants manifestent un vif intérêt pour les ossements des défunts. Un étudiant diplômé effectuant des recherches sur les éléphants d’Afrique a réussi à capturer cela sur caméra. Le corps de la matriarche décédée a été visité par des membres de trois familles d’éléphants différentes, qui sont passés devant, ont senti et touché le corps à plusieurs reprises.

Les baleines, les singes, les éléphants et diverses autres espèces peuvent éprouver du chagrin à la mort d’un parent, selon les circonstances et leur propre personnalité. Cependant, chaque espèce et chaque individu réagit à la mort de manière différente.

En général, plus une espèce est sociale, plus elle est susceptible de manifester un comportement de deuil. Le fait que tant d’animaux différents, dont certains n’ont aucun lien avec l’Homme, expriment leur chagrin à la suite de la perte d’un être cher suggère que notre propre capacité de chagrin a des racines extrêmement profondes.