Entre 1978 et 1990, Andrei Chikatilo a été un des tueurs en série les plus prolifiques de l’histoire. En effet, celui qu’on surnomme l’éventreur rouge de Rostov a commis plus d’une cinquantaine de meurtres avant d’être exécuté en 1994. Ses victimes étaient des femmes et des enfants, qu’il a violés, puis violemment assassinés. Dans certaines des affaires, Andrei Chikatilo est aussi accusé de cannibalisme. Voici l’histoire de celui qui deviendra « The Red Ripper ».

Une enfance pauvre et pleine de séquelles

Andrei Chikatilo est né dans le petit village agricole de Iablotchnoïe en République socialiste soviétique d’Ukraine, le 16 octobre 1936. A cette période, l’Ukraine connaît de nombreuses famines. Par ailleurs, le jeune Andrei vit avec la conviction, insufflée par sa mère, que son frère aîné, Stephan, a été kidnappé et dévoré par des voisins cannibales. En 1941, les forces armées d’Hitler envahissent l’URSS. Le père d’Andrei rejoint donc l’armée soviétique et sera fait prisonnier. Le jeune Andrei se retrouve donc seul avec sa mère. C’est alors qu’en 1943, la mère d’Andrei donne naissance à Tatiana. Selon certaines sources, la demi-sœur d’Andrei serait le fruit d’un viol commis par un soldat allemand, chose qui était malheureusement courante durant la guerre.

Ainsi, Andrei grandit dans des conditions de terreur et de peur constantes. De plus, il est frêle, maladroit, timide et souffre d’incontinence nocturne. Devenu adolescent, Andrei est particulièrement asocial, et est dans l’incapacité de communiquer avec les autres, surtout les jeunes filles. Malgré cela, Andrei est un jeune homme très intelligent. Ainsi, Andrei Chikatilo se réfugie dans l’idéologie communiste et tente même d’entrer à l’université de droit de Moscou. Malheureusement, son dossier est refusé. Il est tout de même accepté à l’université de Rostov où il suit des cours de langues, de littérature russe et de génie mécanique.

Relations sociales, impuissance et premiers crimes

Bien qu’Andrei souhaite plaire aux femmes, il se retrouve dans l’incapacité de les séduire. Alors qu’il entame une relation avec une amie de sa sœur, celle-ci est très vite un échec en raison des problèmes d’impuissance du jeune homme. Durant plusieurs années, le cycle des relations avortées d’Andrei se répète, le jeune homme souffre de ses problèmes d’impuissance et des moqueries. Il dira même avoir tenté de se pendre. Après avoir rejoint l’armée et avoir été diplômé, et donc connu un certain succès professionnel, Andrei est tout de même rongé par l’obsession de son impuissance. Pourtant, il rencontrera sa femme qu’il épousera en 1963. En effet, encore une fois, sa sœur lui présente une amie : Feodosia Odnatcheva, avec qui il aura deux enfants.

Devenu professeur, ses élèves se moquent ouvertement de lui. C’est alors qu’il décide de se faire respecter par la force. Chikatilo commet de plus en plus de petites délits : il s’introduit dans le dortoir des filles alors qu’elles sont nues, se caresse en classe, etc. Puis, il commettra son premier crime. Surveillant une jeune fille, Andrei l’empoigne fortement, la frappe avec une règle et lui éjacule dessus. Quelques jours après, il tente de caresser une jeune fille, cette dernière le frappe. Ce qui procura à Andrei énormément de plaisir. Il comprend alors qu’il veut dominer. Les agressions sexuelles commises au sein de l’école par Andrei se poursuivent jusqu’en 1974. Chikatilo démissionne à la demande du directeur de l’école. Néanmoins, rien ne sera noté dans son dossier. Et ce dernier retrouve rapidement un nouvel emploi d’instituteur.

La naissance du monstre de Rostov

Rostov est une ville de passage à cette époque, c’est donc facilement qu’Andrei trouve des prostituées, des adolescentes, acceptant des relations sexuelles contre un repas chaud ou de l’alcool. Le 22 décembre 1978, il commet son premier meurtre, Yelena Zakotnova, 9 ans. Il tentera de la violer, mais n’y arrivera pas. Il la poignardera alors à plusieurs reprises avant de lui éjaculer dessus, puis de l’étrangler à mort. En 1981, il commet son deuxième meurtre sur Larissa Tkatchenko, 17 ans. Neuf mois plus tard, le 12 juin 1982, Andrei Chikatilo tue une fillette de 12 ans, Lioubov Biriouk. La fillette a reçu 22 coups de couteau, dont deux au niveau des yeux.

Toutes les victimes de Chikatilo sont des jeunes filles de passage ou des enfants, récupérées aux abords d’arrêts de bus ou d’une gare. A chaque fois, Andrei exécute ses victimes de la même manière : il les poignarde plusieurs fois, mutile certaines parties de leur corps avec ses dents. Puis, il leur arrache les yeux et recouvre leur cadavre de feuilles. A chaque meurtre commis, Chikatilo se découvre une nouvelle perversion, et ils deviennent de plus en plus sanglants. Il mord les tétons, les lèvres et même la langue de ses victimes. Il finira même par découper et manger les parties génitales de certaines de ses victimes alors qu’elles sont encore vivantes. Chikatilo semble autant excité par ses meurtres, qu’il est horrifié. En effet, il avouera avoir arraché les yeux de ses victimes, car il ne supportait pas le regard qu’elles avaient pendant qu’elles agonisaient.

Le corps de Yelena Zakotnova a été retrouvé près du pont de Grushevka © Nonexyst / Wikimedia Commons

Arrestation et condamnation

Pendant plusieurs années, Chikatilo est au-dessus de tout soupçon, et commet de plus en plus de meurtres à un rythme effréné. Cependant, il finira par être arrêté, le 13 septembre 1984. En effet, un policier trouvant son comportement bizarre le suivit pendant plusieurs heures, et finit par l’emmener au poste. Seulement, du sperme retrouvé sur une scène de crime est de type AB, et Chikatilo est de groupe sanguin A. La police le relâche donc. Plus tard, il s’est avéré que les cellules sanguines et celles du sperme de Chikatilo présentaient une histocompatibilité différente. Ce qui signifie que le groupe sanguin d’une personne est différent de celui de ses autres fluides. A cette époque, les meurtres du monstre de Rostov s’élèvent à plus de 30 victimes. Cependant, après des années de cul-de-sac, la police finit par demander l’aide du docteur Alexander Bukhanovski, un psychiatre, qui établit le profil du tueur.

En 1990, Chikatilo est aperçu par un agent de police à proximité d’une gare ferroviaire. Ce dernier avait des traces de sang sur le visage. Mais n’ayant aucune raison suffisante de l’arrêter, il laissa Chikatilo partir. Seulement quelques jours plus tard, la police découvre un nouveau corps à proximité de cette même gare. Le lieutenant Viktor Bourakov, alors en charge de l’affaire, fait le lien, et arrête Andrei Chikatilo, le 20 novembre 1990. Lors d’un entretien avec Bukhanoski, Andrei Chikatilo avoua avoir commis 56 meurtres de 1978 à 1990, alors que la police n’avait de dossiers que pour 36 de ses victimes. Le procès de Chikatilo s’est ouvert en avril 1992, après qu’un psychiatre d’État l’a déclaré apte à être jugé. Il sera condamné à mort le 15 octobre 1992, et exécuté par balle le 14 février 1994.

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