
Les Calusa, peuple amérindien ayant prospéré sur les côtes de la Floride entre 500 après J.-C. et le XVIe siècle, possédaient une culture complexe qui se démarquait par son exploitation des ressources maritimes. Des fouilles archéologiques menées sur le site de Mound Key, dans le sud-ouest de la Floride, ont mis au jour des dépôts exceptionnels contenant un grand nombre de restes de poissons porc-épic, une espèce réputée pour sa toxicité mortelle. Ces découvertes suscitent des interrogations sur les pratiques des Calusa, leur mode de vie et les fonctions attribuées à ces poissons venimeux.
L’énigme des poissons toxiques à Mound Key
Des recherches archéologiques menées sur l’île artificielle de Mound Key ont mis au jour d’importants dépôts de restes de poissons porc-épic, une espèce marine connue pour sa toxicité. Ces poissons contiennent une toxine, la tétrodotoxine, capable de provoquer la mort en cas d’ingestion. En raison de cette toxine, le poisson porc-épic est généralement considéré comme non consommable.
Pourtant, le nombre exceptionnel de restes retrouvés sur le site a conduit les chercheurs à explorer des hypothèses sur une utilisation spécialisée de ces créatures. Dans une étude parue dans le Journal of Anthropological Archaeology, la chercheuse Isabelle Holland-Lulewicz a suggéré que les restes retrouvés à Mound Key indiquaient une utilisation spécialisée de cette ressource toxique à des fins autres qu’alimentaires, ce qui est une première pour le sud-est des États-Unis.
Les recherches ont permis de découvrir des dépôts riches en restes de poissons porc-épic, datant de l’an 1000 à 1600, une espèce commune dans les eaux du golfe du Mexique. Ces poissons ont un bec ressemblant à celui d’un perroquet et ont la capacité de se gonfler en cas de danger. En plus de cela, leur peau est recouverte d’épines acérées, et ils possèdent une toxine puissante, la tétrodotoxine, qui est présente dans leurs organes internes et leur peau. Cette toxine peut entraîner la paralysie, des troubles respiratoires et la mort en cas d’ingestion.
Une société complexe aux pratiques variées
Les Calusa étaient un groupe de pêcheurs-chasseurs-cueilleurs vivant sur les côtes de la Floride depuis environ 500 après J.-C. Les anciens habitants de la région des Everglades, qui y vivaient depuis des milliers d’années, ont donné naissance à cette culture. Ils étaient particulièrement influents au moment du contact avec les Espagnols au XVIe siècle, et leur culture est connue pour ses structures sociales complexes et son exploitation astucieuse des ressources maritimes locales.
Cependant, un certain nombre de circonstances, notamment des maladies introduites par les Européens contre lesquelles les Calusa n’étaient pas immunisés et des confrontations avec les colonisateurs et d’autres groupes indigènes, ont conduit à leur anéantissement à la fin du XVIIIe siècle.
Mound Key, un site majeur des Calusa, est une île artificielle qui a été progressivement aménagée par le peuple Calusa au fil des siècles, à partir de l’accumulation de coquillages, de restes de poissons et d’autres déchets liés à leurs activités quotidiennes. Ce site a servi de centre politique et cérémoniel et est marqué par un ensemble de structures, comme des tumulus, des canaux et des chaussées, qui ont probablement été utilisées pour capturer et stocker des animaux marins vivants.
Des hypothèses sur l’utilisation des poissons porc-épic
Ce type de poisson n’est généralement pas utilisé comme nourriture en raison de la faible quantité de viande qu’il contient et de la présence de la tétrodotoxine. Bien que de nombreux sites archéologiques aient mis au jour des restes de poissons porc-épic, le nombre d’exemplaires retrouvés à Mound Key est exceptionnellement élevé, ce qui a intrigué les chercheurs.
Un détail curieux est l’absence d’épines parmi les restes de poissons porc-épic trouvés à Mound Key, un phénomène rare, car dans d’autres sites, ce sont principalement les épines qui sont retrouvées. Cela pourrait suggérer que les Calusa n’utilisaient pas ces poissons pour leur viande, mais plutôt pour des produits fabriqués à partir de leurs épines, peau ou entrailles.
Isabelle Holland-Lulewicz propose que les Calusa aient pu exploiter la tétrodotoxine à des fins médicales, rituelles, voire militaires, bien qu’aucune preuve directe de ces utilisations n’ait encore été identifiée. D’autres hypothèses incluent l’utilisation des épines pour des pratiques comme la saignée ou pour fabriquer des outils comme des pointes de flèches ou de lances, mais là encore, aucune confirmation n’a été apportée. Les résultats de ces recherches permettent donc d’ouvrir de nouvelles pistes pour comprendre l’usage mystérieux des poissons porc-épic par ce peuple indigène. Par ailleurs, que savez-vous vraiment des Amérindiens, ce peuple ancestral presque totalement décimé ?
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Newsweek
Étiquettes: poissons-toxiques, amérindiens
Catégories: Actualités, Histoire