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Microbe miroir : l’apparition d’un organisme inconnu fait craindre pour la survie de la vie sur Terre

Illustration futuriste d’un micro-organisme artificiel complexe se développant dans l’eau, avec la planète Terre en arrière-plan.
Un microbe artificiel pourrait-il bouleverser l’équilibre de la biosphère ? Des scientifiques redoutent l’impact d’une forme de vie conçue pour échapper à toute règle biologique connue.

Et si la science créait un être vivant totalement étranger à notre monde ? Ce scénario, encore théorique, commence pourtant à inquiéter sérieusement les chercheurs.

De la chimie symétrique à l’idée d’un organisme artificiel : comment la recherche a franchi un cap

Tout part d’un phénomène fascinant, mais bien connu des chimistes : la chiralité. Depuis 1848, on sait que certaines molécules existent en deux versions opposées, comme une main droite et une main gauche. Dans la nature, la vie s’est construite avec un seul sens de rotation : les acides aminés gauchers pour les protéines, les sucres droitiers pour l’ADN.

Jusqu’ici, les chercheurs exploraient surtout ce principe pour améliorer certains médicaments. En créant des molécules inversées, comme une insuline miroir, ils espèrent produire des traitements plus stables, moins dégradables et invisibles pour le système immunitaire.

Cependant, depuis quelques mois, une idée plus radicale fait son chemin. Et si l’on allait plus loin ? Et si l’on utilisait cette chimie pour fabriquer une cellule entière, avec tous ses composants en version miroir ? Autrement dit, un être vivant construit à l’envers par rapport à toute forme de vie connue. Cette simple hypothèse suffit désormais à créer un large débat.

Pourquoi ce microbe miroir pourrait devenir la forme de vie la plus dangereuse sur Terre

Image macroscopique d’une colonie biologique ou fongique en expansion, formant une zone circulaire dense aux teintes vertes et bleues.
Cette structure évoque la prolifération d’un organisme sur un support humide, un exemple visuel de développement cellulaire ou de contamination environnementale – source Unsplash

En janvier 2025, le gouvernement britannique a réuni un groupe de douze experts pour évaluer la situation. Parmi eux figurait la professeure Angela McLean, conseillère scientifique en chef. Très vite, le rapport qu’ils ont produit a pris une tournure alarmante. Selon eux, un tel microbe pourrait devenir une menace pour la vie telle que nous la connaissons.

Concrètement, ce microbe miroir échapperait à toutes nos défenses biologiques. Aucune cellule immunitaire ne pourrait l’identifier. Aucun organisme ne saurait le digérer. De plus, il pourrait se nourrir de molécules non chirales présentes partout, comme le glycérol, ce qui lui permettrait de coloniser tous les milieux, sans concurrence.

En théorie, rien ne l’empêcherait de proliférer. Certains chercheurs vont même plus loin. D’après eux, si un tel microbe utilise la photosynthèse, il pourrait capter l’oxygène, monopoliser les nutriments et déséquilibrer les écosystèmes. Progressivement, il deviendrait un parasite planétaire, difficile à contenir et encore plus difficile à éradiquer.

Appel au moratoire : pourquoi la communauté scientifique veut tout stopper avant qu’il ne soit trop tard

Face à ces risques, la réponse scientifique ne s’est pas fait attendre. En juin dernier, trente-huit chercheurs, dont deux prix Nobel, ont publié un appel. Leur demande est claire : instaurer un moratoire immédiat sur toute tentative de création de micro-organismes miroir capables de se reproduire.

Il faut préciser que ces experts ne s’opposent pas à toute la chimie inversée. Par exemple, les molécules chirales utilisées en médecine ou dans l’agriculture restent pertinentes, et parfois précieuses. En revanche, ce qu’ils refusent absolument, c’est l’assemblage de ces composants pour créer un organisme autonome et vivant.

Patrick Cai, spécialiste en génomique synthétique, résume bien l’état d’esprit : « Ce que nous ne voulons pas, c’est créer une bactérie entière. » Il n’est donc pas question d’arrêter la science, mais de poser des limites nettes avant que des expériences incontrôlables ne commencent.

Enfin, selon Filippa Lentzos, experte en biosécurité, cette situation rappelle les débats du siècle dernier autour de la bombe atomique. Le potentiel technique est immense. Mais si les conséquences deviennent planétaires, alors la prudence s’impose avant même la première erreur.

Aujourd’hui, créer un microbe miroir ne relève plus de la science-fiction. Et c’est justement pour cette raison que le monde scientifique demande un arrêt total de cette course, avant que la curiosité humaine ne devienne un facteur d’extinction.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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