Aller au contenu principal

Manipulation d’ADN de mammouth : des chercheurs créent un fœtus vivant dans un utérus artificiel

Chercheurs en laboratoire manipulant un échantillon génétique et observant au microscope
En pleine expérimentation : deux chercheurs analysent un échantillon dans un laboratoire spécialisé en biotechnologie avancée.

Et si les mammouths marchaient à nouveau sur Terre ? Des chercheurs recréent une créature “laineuse” en modifiant l’ADN de souris. Première étape vers une désextinction grandeur nature ?

Des souris génétiquement modifiées pour imiter les poils du mammouth

Des souris laineuses, oui, vous avez bien lu. C’est la dernière création de Colossal Biosciences, une start-up biotech texane qui rêve de faire renaître le mammouth laineux. Pour avancer dans ce projet, ses chercheurs ont modifié l’ADN de rongeurs pour reproduire plusieurs traits caractéristiques du mammouth : pelage épais, couleur, et même des gènes liés à l’adaptation au froid.

Ils ont sélectionné des gènes clés, FGF5 pour la longueur des poils, MC1R pour la couleur et FABP2 pour le métabolisme des lipides, et les ont édités simultanément. Résultat ? Une fourrure trois fois plus dense, une teinte brun doré et… une vraie tête de mini mammouth. Le tout, sans modifier la masse corporelle. Autrement dit, une réussite technique impressionnante.

Pourquoi commencer par des souris et pas directement par des éléphants ?

Parce que les souris vont vite ! Cycle de reproduction court, génome bien connu : elles offrent un laboratoire vivant idéal pour tester des modifications génétiques complexes avant de les transposer à des espèces plus grandes et menacées, comme l’éléphant d’Asie. Ce dernier partage 99,6 % de son génome avec le mammouth.

Cette première étape est donc stratégique. Elle permet de valider une technique d’édition génétique multiplexe, essentielle pour l’ambition ultime : créer un embryon hybride éléphant-mammouth, qui serait ensuite porté dans un utérus artificiel.

Des promesses enthousiasmantes… et des sceptiques vigilants

L’enthousiasme est grand, mais tout le monde ne monte pas à bord de la machine à remonter le temps. Robin Lovell-Badge, du Crick Institute, met en garde : « Ce sont juste des souris velues. On ne sait rien de leur physiologie, ni de leur comportement. Ça ne nous dit rien sur ce que pourrait devenir un véritable hybride mammouth-éléphant. »

Autre point soulevé par les spécialistes : l’adaptation au froid. Les gènes choisis sont prometteurs, mais rien ne prouve, à ce stade, que ces souris résisteraient à un hiver sibérien. Et encore moins qu’un éléphant reconstitué serait capable de restaurer la toundra, comme le rêve Colossal.

L’objectif caché : sauver le climat avec des “éléphants arctiques”

Ce projet n’est pas juste un caprice de savant fou. Pour ses promoteurs, il s’agit de restaurer les écosystèmes arctiques en réintroduisant une espèce capable de compacter la neige, favoriser la repousse des herbes et ralentir le dégel du permafrost. Bref, de freiner le réchauffement climatique.

Mais cela pose une question vertigineuse : jusqu’où peut-on recréer le vivant pour réparer nos erreurs ? La technologie du ventre artificiel, en cours de développement, ajoute une couche d’éthique à une science déjà digne de la science-fiction.

Ce que j’en pense ? Fascinant… mais à manier avec précaution

Je ne vous cache pas que ce projet me fascine. Refaire marcher un mammouth dans la toundra, c’est de la science rêvée, presque poétique. Mais je me demande aussi : que cherchons-nous à réparer ? La disparition d’une espèce… ou notre propre culpabilité ?

L’expérience des souris laineuses est un tour de force, c’est vrai. Mais elle pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Et tant que les éléphants ne marchent pas dans la neige, je resterai prudemment enthousiaste.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *