La chirurgie assistée par des robots est une pratique qui se démocratise de plus en plus et qui semble ne présenter que des avantages : les robots sont pratiques, précis et capables d’opérer dans des endroits difficiles d’accès pour les humains. Pourtant, une enquête révèle des statistiques inquiétantes concernant la chirurgie robotisée. DGS vous dévoile cette étude.

C’est une enquête du quotidien américain le New York Times qui révèle ces statistiques effarantes. Il faut savoir qu’aux États-Unis, les centres hospitaliers se sont largement équipés en robots chirurgiens (près de 400% d’augmentation des investissements dans ce domaine) entre 2007 et 2011. Et ça continue. A titre de comparaison, 80% des interventions sur la prostate sont réalisées par le système robotique Da Vinci, aux États-Unis ; alors qu’en France cela ne représente que 20% des procédures. Si ces révélations sont exactes, il se pourrait que ces investissements ralentissent.

En effet, l’éminent quotidien américain raconte, comme premier exemple, le cas d’une patiente, Erin Izumi, qui a subi une intervention chirurgicale pour traiter une endométriose, un problème au niveau de l’utérus. L’intervention assistée par un robot s’est déroulée normalement… En apparences. Dix jours après, Erin Izumi est transportée à l’hôpital en urgence, où les médecins découvrent effarés qu’une partie de son colon et de son rectum ont été déchirées. Prise en charge rapidement, la jeune femme doit tout de même subir une colostomie temporaire (mise en place d’un anus artificiel). Les fabricants de robots médecins sont censés remonter sous 30 jours chaque incident à la Food and Drugs Association (FDA, l’organisme américain qui contrôle l’équipement médical). Rien n’a été signalé, et Erin Izumi tente une action en justice : les médecins ne veulent pas s’expliquer, le constructeur du robot, qui n’avait jamais eu de remontées de l’incident avant le procès, reconnaît la défaillance et l’affaire est finalement réglée.

Mais ce n’est pas le seul cas alarmant : une étude publiée dans le Journal for Healthcare Quality pointe du doigt le système Da Vinci fabriqué par Intuitive Surgical depuis plus de dix ans et qui a déjà réalisé plus d’un million d’interventions chirurgicales en tous genres. Plus de mille accidents liés à ce robot ont été signalés à FDA en douze ans. En majorité, heureusement, les patients n’ont souffert que de blessures plus ou moins graves, mais dans 71 cas de complications, le patient a trouvé la mort à cause d’un dysfonctionnement du système. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg puisque les chercheurs qui ont réalisé cette étude expliquent qu’il existe d’autres cas d’incidents lors de procédures chirurgicales qui n’ont jamais été déclarées. Une étude de 2010 a montré que plusieurs médecins, témoignant sous l’anonymat, avaient déjà subi plusieurs avaries techniques et autres défaillances médicales en utilisant Da Vinci mais n’ont jamais déclaré ces problèmes.

Chez Intuitive Surgical, on explique que la société fait tout pour prendre en compte l’intégralité des problèmes signalés, même ceux vieux de plusieurs années. L’étude rapportée par le New York Times explique que ces incidents peuvent être dus au manque de formation des chirurgiens à l’utilisation des systèmes, ou encore à certaines attitudes agressives de la part des responsables commerciaux qui feraient tout pour vendre le produit dans les centres hospitaliers.

On est effaré de voir que les médecins faisaient autant « confiance » à ces robots alors même qu’ils font preuve de certaines défaillances. Bien sûr, on se doute qu’il y aura toujours des erreurs, aussi bien pour les robots que pour les chirurgiens. C’est pour cela qu’on considère qu’il est très important que les accidents lors de chirurgies assistées par des robots soient automatiquement signalés pour éviter que des drames ne se produisent. S’il vous arrivait quelque chose, préfèreriez-vous plutôt un chirurgien humain ou un chirurgien robotique ?

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments